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Chronique d’une invasion

ou

Le rêve américain des extraterrestres

 

par GUILLAUME KERLORC'H

 

  Illustrations : Archives du MJ-12

 

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Du même auteur :

Bandes Dessinées « Les P’tits Gris » © GK
Tome 1 : Roswell-sur-Mer
Tome 2 : Groom-Lake-les-Pins

 


 

TABLE DES MATIÈRES :

PREFACE

AVERTISSEMENT

CHAPITRE 1
REVELATIONS ou LA GENESE DES EMMERDES


CHAPITRE 2
ROSWELL : ARRET D’URGENCE ou LE PREMIER CONTACT
 

CHAPITRE 3
LE DEBUT DE LA COLONISATION ou LE PACTE DE DUPES


CHAPITRE 4
JUSQU’AU TROGNON ou LA POLITIQUE LIBERALE DE JFK


CHAPITRE 5
G.I. LAQUE SAUCE AMERE ou LA GUERRE DU VIET-NAM


CHAPITRE 6
SPOUTNIK TA MERE ou LA CONQUETE SPATIALE


CHAPITRE 7
NIXON DEMASQUE ou LES EXTRATERRESTRES N’EXISTENT PAS


CHAPITRE 8
LA DECLASSIFICATION DES DOSSIERS BIDONS ou « LA VERITE EST AILLEURS »

CHAPITRE 9
L’OSCAR DU MEILLEUR ACTEUR ou L’AVILISSEMENT DE L’ESPECE HUMAINE

CHAPITRE 10
UN SEXE AVEC UN HOMME AUTOUR ou LA FIN DES DERNIERS ESPOIRS

LEXIQUE
 


 


« La vérité est d’autant plus crédible lorsqu’elle semble improbable ».
Willie G. BOBARD


« Où les historiens s’arrêtent, ne sachant plus rien, les poètes apparaissent et devinent ».
J.BARBEY d’AUREVILLY
 

 


PREFACE


Le phénomène OVNI est aujourd’hui devenu un véritable business. Depuis « Rencontres du troisième type » de Steven Spielberg, le cinéma de science-fiction n’a jamais fait autant recette ; notamment lorsqu’il met en scène des créatures répugnantes farcies de mauvaises intentions. La télévision s’est elle aussi emparée de l’Hypothèse Extraterrestre, bien qu’elle n’y voit qu’un moyen supplémentaire de faire grimper le sacro-saint audimat. Nombre de journalistes peu scrupuleux en ont d’ailleurs fait leur fond de commerce. Mais combien de ces émissions prétendument sérieuses se terminèrent par des débats aussi houleux qu’inutiles ? Dans la petite histoire de l’ufologie, on ne les compte plus.
S’il aura fait couler beaucoup d’encre, ce vaste sujet à controverses ne trouve malgré tout que peu d’écho au sein de l’opinion publique. Croire aux OVNI ne semble pourtant pas plus farfelu que de croire en Dieu ! L’ufologie est à sa manière une forme de religion puisqu’elle a ses adeptes. En outre, Roswell est en tout point comparable à Lourdes, toutes deux villes de pèlerinage.
Hélas, si les grandes religions doivent souvent composer avec leurs mouvances intégristes, l’ufologie ne pouvait elle non plus s’y soustraire. De fait, depuis ces vingt dernières années, nous avons vu apparaître une certaine surenchère dans les propos des ufologues, laquelle tend à nous rendre de plus en plus sceptiques. Mais la désinformation n’est pas l’apanage exclusif de ce petit groupe d’extrémistes originaires pour la plupart d’outre-Atlantique. On nous ment tous les jours à des degrés divers, ne serait-ce qu’aux informations télévisées. Souvenons-nous de cette pitoyable Guerre du Golfe orchestrée de main de maître par les Américains. Si dans cette affaire, les journalistes ont été consciemment manipulés par les services d’information du Pentagone, c’est le public qui fut le dindon de la farce. Les Irakiens, quant à eux, n’ont toujours pas réalisé ce qui leur était arrivé.
On comprend alors pourquoi il est primordial de faire la part des choses en toutes circonstances ; faut-il d’abord en être capable ou du moins, en avoir la volonté ! De ce fait, un terrible doute nous envahit. L’Histoire est-elle réellement telle qu’on nous la présente dans les livres, ou a-t-elle été remaniée en temps voulu ? Qui peut le dire, si ce n’est la personne qui a directement vécu les événements ? Hélas les écrits restent alors que les témoins disparaissent.
Les médias ont depuis longtemps compris comment abuser de notre crédulité. Mais alors qui croire ? Dès lors que l’on conteste l’ordre établi ou que l’on réfute la pensée unique, les Renseignements Généraux nous cataloguent aussitôt du côté des anarchistes, des asociaux ou des doux rêveurs. Et pourtant, si une poignée d’idéalistes n’avaient pas en son temps brisé les barrières du conformisme, nous en serions encore à nous incliner humblement devant un roi ventripotent.
Alors pourquoi autant de gens refusent-ils d’évoquer en public le véritable fond de leur pensée au sujet des extraterrestres ? Pour éviter de passer pour des imbéciles, cela s’entend. Si le ridicule ne tue pas, il nous marque au fer rouge vis-à-vis de nos semblables.
Quoi qu’il en soit, personne ne peut prétendre aujourd’hui comme hier détenir la vérité sur le phénomène OVNI. Pas même nos éminents scientifiques, selon lesquels la vie s’est probablement développée dans d’autres systèmes solaires, mais uniquement sous la forme de bactéries. Au mieux, s’agirait-il de créatures peu évoluées et par conséquent incapables de raisonner ; ce qui écarte définitivement l’origine extraterrestre de ces étranges observations célestes. Toujours d’après ces « puits de science », il aurait d’abord fallu que nos voisins d’outre espace découvrent le moyen de voyager à la vitesse de la lumière, voire au delà. Si cette technologie nous est pour le moment étrangère, cela s’applique évidemment au reste de l’univers. Mais quelle suffisance que de croire que l’Homme est parvenu à un si haut degré de civilisation !
Souvenez vous de la catastrophe de Tchernobyl. Ne sont-ce pas ces mêmes sommités qui affirmèrent que le nuage radioactif s’était, comme par miracle, arrêté aux frontières de la France ? Certes, c’est en occultant la vérité qu’ils nous préservèrent de la gravité de la situation. Mais tant de malhonnêteté nous laisse encore perplexes. Il est regrettable et fort surprenant qu’à l’aube du vingt et unième siècle, les scientifiques ne prêtent pas serment de moralité, à l’instar des médecins à l’issue de leurs études.
Cependant, admettons qu’une espèce extraterrestre ait, « par le plus grand des hasards », réussi à maîtriser les techniques du vol interplanétaire. Il n’est pas concevable que nous n’ayons pas encore croisé dans nos rues l’un de ces explorateurs, un hamburger dans une main et un soda dans l’autre (à la condition expresse d’avoir une forme humanoïde).
Soyons logiques, nous viendrait-il à l’idée de partager le repas d’une colonie de termites ? La réponse est non ! Car peut-être ne sommes nous à leurs yeux que des insectes sociables, des créatures primitives si bassement matérialistes qu’ils n’ont pas jugé nécessaire de nous contacter.
Cette explication est fort probable. Elle a par ailleurs l’avantage de rassurer l’opinion publique. Mais qui peut aujourd’hui affirmer que les aliens n’ont pas depuis longtemps infiltré nos institutions ? A en croire l’auteur de ce formidable brûlot, peut-être exploitent-ils nos faiblesses par l’intermédiaire de nos dirigeants corrompus et tentent-ils peu à peu de nous réduire en servitude ?
« La vérité est ailleurs ?! » Elémentaire mon cher Mulder !…
 

Willie G. BOBARD



AVERTISSEMENT

J’ai longtemps hésité avant de prendre la plume tant mes révélations pouvaient être fracassantes. Pour ne pas faillir à mes convictions je me devais malgré tout de franchir le pas.
Il faut dire qu’avant celui-ci, aucun ouvrage n’était allé aussi loin dans la recherche de la vérité. Au risque d’ébranler ses convictions, le lecteur se verra informé de la terrible menace qui pèse sur le genre humain depuis plus d’un demi-siècle.
Ce document rétrospectif n’a pas pour but de réveiller la conscience collective ; hélas pour cela, il est déjà trop tard ! Le jour fatidique où il ne nous restera plus que les yeux pour pleurer, le lecteur aura néanmoins la maigre consolation d’avoir su avant les autres l’origine de son malheur…

G.K.

P.S : L’auteur décline toute responsabilité si d’aucuns lecteurs en venaient à se défenestrer, à se taillader les veines ou pis, à se jeter sous un train après avoir pris connaissance du contenu de ce livre. Quiconque ne se sentirait pas assez endurci pour encaisser l’accablante vérité doit être averti des risques qu’il encourt à la lecture de ce pamphlet apocalyptique.
Sachez que l’ignorance nous préserve parfois de bien des désagréments…



CHAPITRE 1

REVELATIONS
ou
LA GENESE DES EMMERDES

 


« Et si le mythe, c’était la vérité ? »
V. LARBAUD

 


Le concept d’une vie extraterrestre ne date pas d’hier. Dans les temps les plus reculés, de nombreuses civilisations font allusions à des individus singulièrement différents. Du reste, chaque continent possède son lot de peintures rupestres, sculptures et autres pétroglyphes représentant des créatures humanoïdes vêtues de scaphandres aussi anachroniques que les vaisseaux qui les accompagnent.
Les mythes de l’Antiquité ne seraient-ils pas directement liés au phénomène OVNI ? N’y aurait-il pas dans la Bible les traces de cette vie extraterrestre ? On peut le supposer ; anges et divinités sont bien souvent décrits sous la forme de chars ailés étincelants de lumière. Or, aujourd’hui encore, les OVNI se présentent sous une apparence analogue ; mais les descriptions et les interprétations que l’on en fait varient selon la culture et le degré d’instruction de l’observateur.
D’autre part, comment expliquer cette stupéfiante similitude entre les pyramides d’Egypte et celles d’Amérique du Sud, si ce n’est par une inspiration commune venue du ciel ; de fait, Christophe Colomb n’a découvert l’Amérique qu’en 1492, après une traversée périlleuse de l’Atlantique. Quant aux immenses figures de Nasca, au Pérou, uniquement visibles depuis le ciel, une poignée d’archéologues y voyait des pistes d’atterrissage conçues pour accueillir d’hypothétiques astronefs. Hélas, craignant de compromettre leur carrière, la plupart se rétractèrent promptement sous les tollés des protestations obscurantistes.
Tout au long de notre histoire, on observa les évolutions célestes d’objets aux formes des plus variées. Mais il fallut attendre le 19ième siècle pour que les témoignages prennent une importance significative. On compara ces apparitions à des cigares phosphorescents, à des boules de feu tourbillonnantes, à des navires aériens ou encore à des dômes illuminés. Bref, si ces formulations poétiques sont aujourd’hui tombées en désuétude, elles n’en décrivaient pas moins le même phénomène.
Si à l’époque, les explications se perdirent en conjectures ; de nos jours, la situation n’a guère évolué. Elle a même empiré. Si tant est qu’ils daignent se pencher sur la question, nombre de nos scientifiques s’appliquent à rationaliser la chose, histoire de ne pas ébranler leurs certitudes. Des lors, ils ne manquent pas d’arguments pour mettre à jour des canulars, prétexter des hallucinations collectives ou concevoir des manifestations naturelles tout à fait saugrenues.
Hélas, hormis les cas particuliers, les OVNI sont bel et bien des véhicules interplanétaires pilotés par des formes de vie très avancées.

Si l’on peut considérer que ces créatures ont surtout joué, au cours des siècles, un rôle d’observation, leur intervention sur l’espèce humaine est beaucoup plus récente. Les premières traces de cette ingérence dans nos affaires furent découvertes, presque par hasard, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, au cours de la fameuse opération « Paper Clip ».
Peu avant la fin des hostilités, les Alliés s’efforcèrent de récupérer un maximum de scientifiques allemands, en majorité issus de la recherche aéronautique. C’est dans un lot de documents saisis sur un savant du centre d’essais de Peenemünde, que l’on découvrit avec stupéfaction que nous n’étions pas l’unique espèce intelligente sur cette terre !…
Situé sur la mer Baltique, ce complexe militaro-industriel était bien connu des Alliés pour être le lieu de création et d’expérimentation des fusées V1 et V2. Triomphes de la technologie allemande, ces engins de mort ne furent pourtant pas les seules réalisations à sortir de l’imagination débridée de leurs créateurs.
De toutes les innovations techniques qui virent le jour durant la guerre, nombreuses sont celles qui ne dépassèrent pas le stade de la planche à dessin. Quant aux prototypes de projets plus avancés ou plus chanceux, ils furent pour la plupart détruits avant qu’ils ne tombent entre les mains des forces alliées.
Nous pourrions citer, à titre d’exemple, l’intercepteur monoplace Me-163 « Komet » d’une longueur dérisoire de 5,60 m, lequel pouvait atteindre en quelques secondes la vitesse impressionnante de 980 km/h. On se doute que le pilote devait rentrer la tête avant d’enclencher la postcombustion ! Evoquons dans la foulée le Focke-Wulf « Triebflügel » à décollage vertical ; un ersatz d’hélicoptère dont le pilotage devait tenir de la gageure. En effet, chacune de ses trois pales se terminait par un moteur fusée, dont l’inclinaison variable permettait de modifier la trajectoire de l’appareil. Mais le plus mystérieux d’entre tous fut sans nul doute le Messerschmitt « Flügelrad » I-V7 à voilure circulaire tournante.
Un seul document révéla l’existence de cet aéroplane révolutionnaire pour l’époque. Il s’agissait d’une photographie probablement classée Top-Secret par la Heeres-Waffenamt (la Direction des Armements allemands) et qui fut par la suite élevée au niveau Ultra Top-Secret par les Américains. Même le président des Etats-Unis (Harry Truman à l’époque) n’eut en main le présent document qu’en 1947. Nous verrons plus loin en quelle occasion. Seul Dwight D. Eisenhower dit « Ike », alors commandant en chef des forces alliées en Europe, en prit connaissance.
L’émoi suscité par cette découverte n’était pourtant pas dû à l’engin en lui même. Le prototype, de conception peu commune, ne vola que deux fois. Ne voyant pas dans ce projet des possibilités d’exploitation militaire, les recherches furent rapidement stoppées par les dirigeants nazis. Faute de place pour les accrocher, l’appareil ne pouvait emporter d’armes offensives.
Il se présentait sous la forme d’un habitacle fixe jouant le rôle d’axe pour deux hélices tournant en sens inverse l’une de l’autre.



« Bande de copieurs ! ! ! »

Ce système permettait à l’engin de s’élever verticalement dans les airs. Propulsé par un moteur à réaction BMW-003, la direction s’effectuait au moyen de deux ailerons mobiles fixés sur la cabine.
Si le « Flügelrad » relevait plus de la science-fiction de par son aspect général, ce fut aussi le cas pour les deux êtres humanoïdes que l’on découvrit posant parmi les dignitaires entourant le prototype. De petite taille, pourvus de grands yeux noirs sans pupille, ces créatures macrocéphales ne possédaient que quatre doigts à chaque main. Visiblement glabres, elles semblait être habillées d’une combinaison moulante sans ouverture apparente.
Voilà en somme ce qui rendit perplexes bon nombre d’experts américains chargés d’élucider ce mystère.
Il était évidemment exclu que ces créatures puissent être le fruit de manipulations génétiques sur l’espèce humaine. Watson et Crick n’ayant pas encore découvert la structure en double hélice de l’ADN, cette science n’en était encore qu’à ses balbutiements.
Eva Braun étant stérile, on écarta aussi l’idée qu’il puisse s’agir de l’horrible progéniture du Führer. Restait donc deux hypothèses plus vraisemblables, mais néanmoins surnaturelles : celle des mondes parallèles ou celle d’une fissure dans l’espace-temps.
En aucun cas on n’évoqua la possibilité d’une vie extraterrestre. Les tentatives pour retrouver les personnes présentes sur la photographie restèrent infructueuses et aucune autre explication logique ne put être donnée avant la légendaire année 1947.
 



CHAPITRE 2

ROSWELL : ARRET D’URGENCE
ou
LE PREMIER CONTACT
 


« Quand les mystères sont très malins, ils se cachent dans la lumière. »
J. GIONO
 



Le 12 avril 1945, le président Franklin Delano Roosevelt mourut des suites d’une longue maladie. Suivant la procédure habituelle, le vice-président Harry S. Truman lui succéda aussitôt à la Maison-Blanche. Mal préparé à cette situation et bien moins diplomate que son prédécesseur, il n’en fut pas moins l’artisan de la reconstruction de l’après-guerre.
Hélas, les grèves et les élections de 1946 affaiblirent considérablement sa position. Truman, le démocrate, perdit cette année-là le soutien du Congrès, dont les deux chambres tombèrent entre les mains des Républicains. Selon toute probabilité, ses concitoyens ne lui laisseraient pas l’opportunité d’accomplir un second mandat. Même le Parti démocrate en avait l’intime conviction. Pourtant, les événements qui survinrent, en 1947, dans une petite bourgade du Nouveau-Mexique, furent indirectement responsables de sa victoire aux élections présidentielles de 1948.

Le 8 juillet 1947 est une date qui, pour une poignée d’initiés, relègue le 4 juillet 1776 – jour de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis – au second plan. L’importance des faits est en effet considérable, tant le cours de l’Histoire en a été modifié.
L’affaire débute au moment où l’Armée déclare dans un communiqué officiel avoir mis la main sur une soucoupe volante d’origine extraterrestre. Elle situe même sa découverte à proximité d’un ranch isolé, au nord de la petite ville de Roswell, dans l’État du Nouveau-Mexique. L’annonce fit grand bruit dans les médias mais fut enterrée du jour au lendemain, suite à des démentis tout aussi officiels. Preuve à l’appui, les journalistes apprirent qu’il ne s’agissait que d’un vulgaire ballon-sonde utilisé par les services météorologiques de la base aérienne de Roswell ; base qui abritait à l’époque l’unique escadrille de bombardiers atomiques du pays. Ils repartirent bredouilles en n’envisageant pas d’enquêter plus avant, en dépit des incohérences relevées par certains dans cette étrange affaire. Le phénomène était pourtant très récent et passionnait de surcroît l’opinion publique.
C’est le 24 juin de la même année, dans l’État de Washington, que tout commença par l’extraordinaire récit d’un pilote amateur. Alors qu’il survolait le mont Rainier à la recherche d’un avion disparu, Kenneth Arnold prétendit avoir croisé durant son vol une escadrille de neuf objets brillants en forme de soucoupe.
Arnold eut les honneurs de la presse et fut, bien malgré lui, à l’origine de l’expression « soucoupe volante », un terme générique tout à fait inapproprié pour décrire ce genre d’apparition céleste. En réalité, ces appareils ressemblaient plutôt à des croissants de Lune pourvus d’une troisième pointe dans leur partie concave. Fidèles à leurs habitudes, les journalistes transformèrent les propos du pilote amateur, lequel avait signalé que « les engins se déplaçaient comme des soucoupes ricochant à la surface de l’eau ».
Toujours est-il que les spéculations allèrent bon train quand il fallut donner une explication à cette observation.
S’agissait-il d’une nouvelle génération d’engins russes arrivés en éclaireurs par le détroit de Behring, en prévision d’une invasion massive ? La Marine avait-elle mis au point des missiles antiaériens de conception révolutionnaire pour défendre ses navires ? Si tel était le cas, Arnold l’avait échappé belle !…
Les hypothèses les plus farfelues se succédèrent sans qu’aucune ne fasse l’unanimité. Mais la plus persistante donnait au phénomène une origine extraterrestre ou trans-dimensionnelle.
Si de nos jours cette affaire n’a toujours pas été élucidée, ce n’est qu’histoire d’entretenir le mythe ; car nombreux sont ceux qui en connaissent les véritables tenants.
Il s’agissait en fait de prototypes ultrasecrets nazis ramenés aux Etats-Unis comme prise de guerre (cf. Opération Paper Clip). L’escadrille – constituée de trois ailes volantes Horten IX.V2 dont un modèle biplace, de deux bombardiers Junker EF.130 et de quatre chasseurs d’escorte Blohm & Voss Ae.607 – décolla de la base de Moses Lake (État de Washington) vers une destination inconnue à ce jour. Suivant un plan de vol draconien, elle ne devait en aucun cas survoler des zones habitées : ceci afin que l’existence de ces appareils demeure le plus longtemps secrète. Hélas, l’Armée n’avait pas prévu que le convoi croiserait la route d’un monomoteur Call-Air piloté par le fameux Kenneth Arnold. Cette monumentale bévue fut par miracle mal interprétée par ce dernier qui n’imaginait pas que ces engins puissent être américains d’adoption, tant leurs formes étaient déconcertantes. L’imagination fertile du pilote amateur et le besoin de sensationnel d’une presse trop crédule permirent à l’Armée de garder son secret durant plusieurs années.
L’affaire resta donc anecdotique dans les milieux autorisés ; mais c’est à partir de ce moment-là que les essais de nouveaux prototypes d’aéronefs ne se firent que la nuit – d’où le nom de « Black Program » ou « Black Projects » (le Programme Noir ; les Projets Noirs).
Concernant la découverte d’un disque volant dans les environs de Roswell, l’État-major des armées écarta d’emblée l’hypothèse que l’un de ses nouveaux « jouets » venait de s’écraser, et ceci pour deux bonnes et simples raisons : primo, la plupart des officiers de l’US Air Force (dénommée Army Air Forces, à l’époque) étaient normalement informés de tout ce qui pouvait voler durant cette année 1947 ; secundo, le Pentagone (Washington D.C.) était au courant de l’affaire, bien avant que l’on ne révèle à la presse l’existence du premier site !
Le crash impliqua en effet deux sites distants l’un de l’autre de plusieurs centaines de kilomètres. Celui qui fut dévoilé aux journalistes se localisait près d’un ranch, au nord-ouest de Roswell, dans les environs de Corona ; l’autre, resté longtemps secret, se situait bien plus à l’ouest, dans les plaines de San Agustin, près de Socorro.
Depuis ces vingt dernières années, de nombreux livres plus ou moins sérieux se sont efforcés de faire la lumière sur cette histoire insolite. Pour la plupart contradictoires, ils ne contribuèrent qu’à brouiller les pistes et rendre le lecteur de plus en plus sceptique. L’histoire, riche en rebondissements, est pourtant simple. Elle se résume en sept étapes :
1 - Au soir du 2 juillet 1947, voilà plusieurs jours que les radaristes de la base militaire d’Alamogordo – jouxtant le polygone nucléaire de White Sands(1) (Nouveau-Mexique) – suivent les évolutions erratiques d’un appareil inconnu ; mais le signal s’interrompt brusquement dans les environs de Socorro. Nul doute que l’engin s’est écrasé dans cette zone.
2 - W.W. « Mac » Brazel est un modeste éleveur de moutons qui exploite un ranch isolé au nord-ouest de Roswell. Le 2 juillet, en fin de soirée, le fermier est lui aussi le témoin d’un phénomène inhabituel : alors qu’un violent orage sévit depuis plus d’une heure, il perçoit une formidable détonation entre deux grondements de tonnerre.
Le 3 juillet au matin, il découvre, à l’endroit supposé de l’explosion, une multitude de fragments métalliques s’étendant sur une surface de plus d’un kilomètre carré. C’est le premier site.
3 - Dès les premières lueurs du jour, des secours ont quitté White Sands, prenant la direction de Socorro. En fin de matinée, les équipes de recherche découvrent au flanc d’une colline un vaisseau lenticulaire d’origine inconnue. Quatre occupants sont extirpés de l’appareil accidenté, dont deux sont toujours vivants. C’est le second site.
La zone, heureusement désertique, est immédiatement bouclée et le Pentagone est directement averti de la découverte sensationnelle. L’État-major des armées ordonne que les restes soient transférés dans la plus grande discrétion au Q.G. de la 8ième Air Force à Fort Worth (Texas) et que l’on ratisse le site mètre par mètre. Moins de trente six heures après l’arrivée des premières équipes de déblaiement, rien ne pouvait laisser supposer qu’un appareil s’était récemment écrasé dans les environs.
4 - Le 6 juillet, « Mac » Brazel – lequel a passé deux jours à chercher vainement de l’aide parmi ses voisins – se résout enfin à montrer ses trouvailles au shérif du comté. N’ayant pas les compétences requises pour les identifier, le policier choisit d’avertir la base aérienne de Roswell.
5 - Le 7 juillet, le major Jesse A. Marcel, chef du Service de Renseignements est dépêché sur les lieux par la base. Les débris qu’il prélève dans le ranch semblent suffisamment suspects pour qu’au matin du 8 juillet, son supérieur hiérarchique, le colonel Blanchard, décide d’annoncer à la presse le crash d’une soucoupe volante près de Corona. Seuls les journaux du soir pourront insérer ce communiqué dans leurs colonnes ; un détail capital, car il minimisa le retentissement de cette incroyable nouvelle.
Entre-temps, le major Marcel eut pour instruction de convoyer sa récolte jusqu’à Fort Worth. Les débris des deux sites seront par la suite transférés dans la base de Wright Field (Ohio) en vue d’un examen plus approfondi.
6 - Sur place, les experts mandatés par le Pentagone n’ont aucun mal à identifier les éclats découverts sur le ranch « Mac » Brazel. Dans leur grande majorité, ils sont issus d’un aérostat conçu pour surveiller les essais nucléaires soviétiques, un projet Top Secret connu sous le nom de code Mogul. Les quelques fragments exotiques qui se sont mélangés aux restes du ballon sont en fait à l’origine du communiqué diffusé par le colonel Blanchard.
Au vu de ces derniers éléments, les experts parviennent à reconstituer les événements de la nuit passée. Touché par la foudre, le disque volant récupéré prés de Socorro aurait percuté ce train de ballons au nord de Roswell, probablement à la suite d’une avarie du radar de bord. Blessé à mort, l’engin continua sa route sur 250 kilomètres vers l’ouest pour finalement s’écraser dans les plaines de San Agustin.
La situation est donc particulièrement critique. En effet, les Soviétiques ne doivent en aucun cas être informés de l’existence du projet Mogul, au risque d’aggraver les dissensions entre Communistes et Américains. Nous sommes au tout début de la « Guerre froide » ; nombre de spécialistes craignent que cette information puisse précipiter les Etats-Unis dans un nouveau conflit auquel ils ne sont pas préparés.



« C’est à vous ça ? »

7 - Dès lors, les autorités remplacèrent les débris collectés par le major Marcel par ceux d’un vulgaire ballon météo. En outre, on fit procéder au bouclage du ranch « Mac » Brazel, lequel fut grassement payé pour garder le silence. Avant que ne paraissent les journaux du lendemain, on convoqua la presse à Fort Worth, afin de démentir les affirmations quelque peu précipitées du colonel Blanchard. Inutile de vous dire que ce tour de passe-passe aura de graves conséquences sur l’avenir de l’humanité...

L’affaire fut donc rapidement étouffée, ce qui permit au Pentagone de se pencher avec sérénité sur le dossier Roswell. Hélas, cette ville est aujourd’hui injustement considérée comme étant la « Mecque » de l’ufologie. En effet, 90 % des débris récupérés sur les terres de « Mac » Brazel appartenaient au ballon Mogul. Le site principal du crash d’un engin d’origine extraterrestre se situe bel et bien près de Socorro, cette autre bourgade du Nouveau-Mexique qui fera à nouveau parler d’elle quelques années plus tard.
Le président ne fut averti de l’incroyable événement qu’aux alentours du 12 juillet. On lui présenta, par la même occasion, la mystérieuse photographie allemande sur laquelle les principaux protagonistes ressemblaient étrangement aux créatures recueillies par le Pentagone.
A l’instar de la disparition de Roosevelt en 1945, cette nouvelle produisit l’effet d’une bombe sur ce vieux Harry. Le Troisième Reich n’était pas mort et des savants nazis venaient de développer une nouvelle arme destructrice avec la ferme intention de se venger des Etats-Unis d’Amérique…
On rassura toutefois le président sur ce point. En effet, l’appareil découvert dans les plaines de San Agustin ne ressemblait guère à celui que les Nazis avaient construit durant la guerre. De plus, ses occupants ne parlaient pas l’allemand. Ils ne parlaient pas du tout d’ailleurs, malgré les multiples tentatives visant à engager la conversation. C’est à peine s’ils émettaient quelques chuintements lorsque leurs surveillants recouraient à des moyens plus drastiques…
Truman décida malgré tout de créer un comité ad hoc capable d’étudier et de prévenir un tel phénomène s’il venait à se reproduire. Constitué de douze membres issus du Pentagone, de la CIA et du gotha du monde scientifique, ce groupement d’exception, présidé par Dwight Eisenhower, se vit confier le très sensible dossier Roswell. Baptisé MAJIC(2) (acronyme de la formule donnée à la décision visant à étouffer l’affaire), les initiés avaient le plus souvent recours à la contraction MJ-12, voire même au diminutif Majestic pour le désigner.



« L’Armée capture une soucoupe volante !… C’te blague !!! »

La cellule de crise s’installa momentanément dans la base de Wright Field, rebaptisée Wright Patterson en janvier 1948, après sa fusion avec la base de Patterson Field.
Par la suite, l’étude de l’épave permettra à l’industrie américaine de faire des découvertes révolutionnaires par le biais du Département de Recherche et de Développement de l’Armée : le four micro-ondes, le transistor, la puce électronique et la fibre optique ne sont qu’une infime partie des applications directement issues de la technologie extraterrestre.
Les autopsies des aliens décédés lors du crash furent moins révélatrices. Leur anatomie, comparable à la nôtre, se différenciait par une absence totale d’organes génitaux et donc de nombril. Les mains et les pieds de ces créatures ne se prolongeaient que par quatre doigts. Mesurant environ un mètre vingt, leur peau était grise et leur crâne particulièrement volumineux. Dépourvus de nez et de pavillon auditif, de simples orifices signalaient la présence de ces organes fondamentaux. Chacun de leurs grands yeux taillés en amandes supportaient des lentilles de contact fumées. En outre, ils étaient habillés d’une combinaison de texture inconnue, laquelle s’enfilait par les pieds.
Ce n’est que bien plus tard et contre toute espérance, que l’on réussit à communiquer avec les deux survivants. Isolés l’un de l’autre dans des cellules attenantes, on se rendit compte que les deux homuncules pouvaient s’entretenir par transmission de pensée. En effet, quand l’un des deux captifs subissait les humeurs de ses gardiens, le second réagissait violemment aux souffrances de son acolyte. Devant cette ouverture, on fit appel aux plus grands télépathes pour tenter de renouer le dialogue. Alka-Seltzer sur Alka-Seltzer, les interprètes ne recueillirent pourtant que des informations parcellaires.
Les deux aliens laissèrent entendre qu’ils étaient originaires de la constellation Zéta-Réticuli, située à quelque 37 années-lumière de notre planète, que leur voyage avait duré trois ans en vitesse de croisière et qu’ils fréquentaient la Terre depuis 1943. Ils ne donnèrent aucune explication concernant leurs relations avec les Nazis. En outre, les extraterrestres restèrent pour ainsi dire peu loquaces quant à leurs intentions. Ces dernières semblaient néanmoins pacifiques.
Autopsies, interrogatoires, découverte de l’épave et tout autre événement se rapportant à cette affaire furent immortalisés par l’Armée sur films Super 8. Stockés par la suite dans la chambre forte de la base de Wright Patterson, on ne les inventoria que vers la fin des années 50 lorsque l’on transféra le siège de Majestic dans la très secrète base de Groom Dry Lake. Située au cœur de la célèbre Zone 51, dans l’État du Nevada, elle fut spécialement construite pour les extraterrestres en 1954 (voir chapitre suivant). Mais c’est avec stupeur que l’on s’aperçut au cours de cet inventaire que le film de l’une des toutes premières apparitions publiques d’Elvis Presley s’était mystérieusement glissé dans une boite contenant à l’origine une séquence d’autopsie… Le responsable de cette substitution ne fut jamais démasqué.

Si l’on oublia rapidement l’affaire Roswell, les apparitions d’OVNI ne déclinèrent pas pour autant. Entre 1947 et 1948, nombre d’américains furent les témoins de manifestations célestes des plus inhabituelles, lesquelles semblaient étonnamment diversifiées.
Les autorités n’accordèrent pourtant aucun crédit à ces allégations dénuées de tout fondement. En effet, à la connaissance de Majestic, les seuls extraterrestres présents sur Terre à cette époque étaient en convalescence à Wright Patterson (Hangar 18, chambres 21 et 22). Dès lors, pour expliquer ce déferlement d’observations, on invoqua tantôt des canulars, tantôt des fantasmes hallucinatoires de la part d’une population portée par nature à la mythomanie. Vraisemblablement, Kenneth Arnold avait fait des émules.
La paranoïa régnait malgré tout au sein même de l’US Air Force et fut à l’origine d’une tragique méprise : le 7 janvier 1948, le capitaine Thomas Mantell s’écrasa à bord de son F-51 Mustang alors qu’il tentait d’intercepter un OVNI aux dimensions colossales. Mais, consternation, le malheureux pilote pourchassait un ballon sonde Skyhook qu’il heurta de plein fouet. On retrouva son corps dans un enchevêtrement de toile et d’aluminium déchiquetés.
A quelques mois des élections de 1948, Harry Truman était donné perdant. Même le Parti démocrate semblait désavouer le président sortant au point de rechercher un prétendant plus populaire.
Tout auréolé de son prestige de héros national, Dwight Eisenhower était le candidat idéal. Sans affinité politique connue, il convenait au plus grand nombre. Mais le vieux général n’était pas disponible. A la tête du MJ-12 depuis plus d’un an, il ne voulait se défaire de ses obligations. Cependant, au vu de sa notoriété, il se doutait que tôt ou tard, il serait amené à briguer la présidence.
Pour l’heure, Eisenhower refusa les avances des Démocrates, dont il s’offusqua d’apprendre qu’ils reniaient leur propre chef. En outre, comment pouvait-il trahir celui qui lui avait donné carte blanche en lui confiant la gestion du dossier Roswell ?!
Finalement désigné candidat par ses pairs, Truman comprit néanmoins qu’il ne devrait compter que sur lui même. Sous le slogan « Tape dur, Harry », il entreprit une campagne énergique en forme de marathon ferroviaire. S’aventurant au cœur de l’Amérique profonde, il s’efforça de renouer la confiance de ses électeurs.
Ses efforts se révélèrent payants. En dépit des pronostics défavorables, Truman remporta les élections in-extremis. Une victoire à l’arraché que l’on put attribuer au crash de Roswell, ou du moins à ses contrecoups. En effet, s’il n’avait pas eu lieu, le MJ-12 n’aurait pas vu le jour ; Eisenhower n’en aurait pas assumé la direction et par conséquent, il aurait pu faire acte de candidature à la Maison-Blanche.


(1) - Le 16 juillet 1945, la première bombe atomique y fut expérimentée.
(2) - « Masterful & Autoritary Jury for an Irrevocable Covership » soit en français « Jury autoritaire et tout puissant pour une dissimulation irrévocable de la vérité ( s.-ent.) ».

 



CHAPITRE 3

LE DEBUT DE LA COLONISATION
ou
LE PACTE DE DUPES

 


« Ne force pas qui veut les portes de l’Enfer. »
P. J. TOULET


 


Les Entités Biologiques Extraterrestres(1) (ou EBE), restèrent en captivité dans la base de Wright Patterson jusqu’en 1954. C’est d’ailleurs durant cette période qu’ils se virent affubler par les gardes du sobriquet de Petits Gris. Toujours aussi peu loquaces, ces derniers souhaitèrent malgré tout s’instruire des grands tournants de l’histoire de l’humanité ; une requête qui leur fut, hélas, accordée de bonne grâce.
Le plus souvent cloîtrés dans une bibliothèque spécialement construite à leur intention, ils ne sortaient que rarement sous bonne escorte, histoire de regarder le ciel et de rentrer dans leur cachot le cœur empli de nostalgie. Ils passèrent ces années de réclusion à compulser des centaines de livres, revues et autres documents dans le but d’assouvir, selon eux, leur curiosité naturelle.

En 1950, un nouvel événement directement imputable à la présence des deux aliens sur notre planète, vint perturber le second mandat du président Truman. Cette année-là, le 11 février précisément, les locataires du Hangar 18 parlèrent. Dans un anglais irréprochable, ils interpellèrent l’officier de garde afin d’obtenir dans les plus brefs délais une audience auprès du président des Etats-Unis en personne. Ce dernier ne se fit pas prier. Tout excité d’entendre leurs probables révélations sur les mystères de l’univers, il leur rendit visite le jour même. Bercé d’illusions, il espérait de surcroît donner des réponses aux innombrables questions que l’on se posait depuis leur arrivée. Mais en vain, car leur allocution fut des plus lapidaire. Ce fut d’ailleurs la seule jusqu’en 1952.
Selon eux, lorsqu’ils se crashèrent en 1947, la balise de détresse de leur vaisseau se déclencha aussitôt. D’après leurs calculs, le S.O.S. était maintenant arrivé à destination. Au vu des caractéristiques techniques des soucoupes extraterrestres, les terriens pouvaient s’attendre à la venue d’une mission de récupération, au plus tard dans l’année 1952.
Cette assertion invérifiable galvanisa pourtant les autorités. En effet, cette excursion programmée était une occasion rêvée de capturer de nouveaux « spécimens », voire de récupérer un vaisseau en état de marche. Mais lorsque les aliens donnèrent le lieu de l’atterrissage sous la forme d’une latitude et d’une longitude, l’excitation fit place à la stupeur : le point de rendez-vous ne se localisait pas sur le territoire américain, mais bizarrement au beau milieu de la Corée du Nord (précisément à 120 kilomètres au nord-est de Pyongyang, la capitale).
En 1947, il s’était créé, suite aux rivalités opposant les Etats-Unis et l’URSS, deux États coréens séparés par la ligne fortifiée du 38ième parallèle. Au nord, les communistes de la République Populaire de Corée bénéficiaient de la contribution appréciable des Soviétiques. En outre, ils disposaient en 1950 d’une armée puissante et moderne. Ce n’était pas le cas de la Corée du Sud ; bien que démocratique, elle demeurait instable politiquement et faiblement armée. Dès lors, les experts prévoyaient pour ce petit pays une invasion imminente de ses voisins du Nord, lesquels souhaitaient réunifier la Corée au profit du bloc communiste.
Pour les Américains, il était impensable que les extraterrestres atterrissent officiellement dans un pays marxiste, synonyme d’intolérance et de despotisme. Rappelons que la « Guerre froide » commençait à peine. Toutefois, le franchissement du 38ième parallèle par les Nord-coréens fut une aubaine pour l’administration Truman. Sous couvert de libérer la Corée du Sud de la gangrène rouge, c’est avec l’appui de l’ONU que l’on envoya sur place des milliers de soldats nullement au fait du véritable but de cette guerre : prendre possession du site d’atterrissage avant 1952.
En dépit des moyens considérables mis à la disposition des forces démocratiques, la guerre s’enlisa très tôt. Le général Douglas MacArthur, commandant en chef des troupes onusiennes, ne souhaitait pas pour autant que l’on s’engage dans une guerre traditionnelle. Pour cela, l’ancien héros de la guerre du Pacifique préconisait l’emploi de la bombe atomique ! Ayant constaté ses répercussions « positives » sur l’issue de la Seconde Guerre mondiale, il était persuadé que les Nord-coréens mettraient les pouces dès la première explosion. Ce bon vieux Doug souhaitait également atomiser la Chine, ou du moins la Mandchourie, laquelle abritait des bases arrières nord-coréennes.
Cette idée lumineuse n’enthousiasma guère les autorités du MJ-12 ; et pour cause, le point de rendez-vous risquait d’être atteint par le feu nucléaire. Dès lors, pour sanctionner cet excès de zèle, la grosse légume se vit offrir par le président une mise à la retraite anticipée.
Si le Nord fut un moment conquis par les Américains, l’entrée des Chinois dans la guerre par l’envoi de « volontaires », les renvoya à leur point de départ – à savoir le 38ième parallèle. Craignant que la situation ne s’envenime, les pays membres des Nations unies poussèrent les belligérants à mettre un terme à ce conflit des plus sanglant ; mais ces derniers s’entêtaient. Il fallut attendre 1952 pour qu’un nouvel élément précipite le dénouement de cette crise.
En effet, les Etats-Unis connurent cette année-là, une nouvelle vague d’observation d’OVNI. Aux quatre coins du pays, on signalait d’importantes formations d’engins lenticulaires. Même Washington, la capitale, ne put échapper à ces visions fantasmagoriques. En outre, quelques témoins eurent l’opportunité de rentrer en contact avec les pilotes de ces étranges appareils ; mais chose étrange, leur morphologie ne correspondait pas à celle des Petits Gris. Très proches de l’être humain, ils présentaient un faciès typiquement scandinave…
Quoi qu’il en soit, la population américaine s’inquiétait de plus en plus du désœuvrement de ses autorités face aux violations répétées de son espace aérien. L’US Air Force, censée prévenir la patrie de toutes formes d’invasions, ne pouvait fournir de réponse aux innombrables questions que se posait l’opinion publique. Prenant cette fois-ci le phénomène très au sérieux, l’Armée s’efforça néanmoins de remédier à cette ignorance en multipliant les programmes de recherche ; programmes dont les conclusions rassurantes furent dévoilées à grand renfort de publicité.
Malgré des subsides importants, signalons que le MJ-12 ne commandait que deux unités de l’armée de l’air – l’une étant basée à Wright Patterson – et ceci pour des raisons évidentes de confidentialité. Tous les militaires ayant participé de près ou de loin à la récupération de la soucoupe en 1947 intégrèrent ces unités ou furent « débriefés ». C’est donc en toute honnêteté que l’US Air Force créa ces commissions d’enquêtes pour tenter d’expliquer ces mystérieux ballets aériens. Citons le projet Sign (Signe) de 1947, rebaptisé Grudge (Rancune) en 1949, lequel prendra Blue Book (Livre Bleu) comme appellation définitive en 1952. A la suite de ces investigations, aucun rapport ne put évoquer de façon plausible l’hypothèse extraterrestre...
Seul le MJ-12 connaissait la vérité. Il savait que les prédictions des deux aliens s’étaient avérées exactes, du moins jusqu’à un certain point. En effet, on ne signalait aucun OVNI dans le ciel coréen à cette époque. Seuls les Etats-Unis semblaient concernés par ce phénomène et dans la moindre mesure, l’Amérique du Sud et l’Europe de l’Est.
Pour Dwight Eisenhower, à la tête de Majestic depuis 1947, la coupe était pleine. Les deux aliens n’en faisaient qu’à leur tête et trop de « boys » étaient tombés inutilement dans cette interminable guerre – à l’issue du conflit, on dénombrera plus de 54.000 morts côté américain ! La position du site d’atterrissage de la mission alienigène devait être confirmée. Du reste, si les deux rescapés ne coopéraient pas, l’interrogatoire serait des plus musclé...
Cet avertissement fut efficace. Ils se mirent à table avant même que les M.P. ne retroussent leurs manches. Selon eux, la première fois qu’ils s’étaient exprimés verbalement, ils avaient encore du mal à assimiler les subtilités de la langue anglaise. Il est possible qu’ils se soient mal fait comprendre quant aux coordonnées du site. Pour qu’il n’y ait plus d’équivoque, ils donnèrent le nom d’une localité – la base aérienne d’Edwards en Californie – ainsi qu’une date – le 17 avril 1954. On ne pouvait être plus clair.

Faisant suite à ces aveux tardifs, Eisenhower gagna les élections présidentielles de 1952. Sous la pression des politiques, il s’était enfin résolu à se porter candidat. Quatre ans plus tôt, il s’était indigné de l’attitude ambiguë des Démocrates à l’égard du président sortant. Par conséquent, il choisit de se présenter sous l’étiquette républicaine. Pour plusieurs raisons, sa victoire était assurée d’avance.
Chef militaire rodé au commandement, il avait brillamment conduit les armées alliées jusqu’à la victoire finale, en 1945. Dès lors, il recueillait l’adhésion de l’opinion publique, en dépit d’un programme politique des plus insipide.
D’autre part, il bénéficia de l’appui de son prédécesseur. Truman, pourtant démocrate, se désista en sa faveur pour le remercier de la retenue dont il fit preuve lors des précédentes élections. Usé par l’exercice du pouvoir et définitivement impopulaire, « Tape dur, Harry » n’avait cette fois-ci plus aucune chance de se voir réélire. Mais surtout, le vieux général promit à la population américaine de mettre un terme à la guerre de Corée – et pour cause ! Le cessez-le-feu ne survint pourtant qu’en juillet 1953.
Dans ses fonctions, Eisenhower se montra des plus modéré, se contentant d’instaurer un régime passablement conservateur. Rarement présent à la Maison-Blanche, il passait le plus clair de son temps à parcourir les terrains de golf. Il se mêlait peu des affaires courantes, déléguant ses pouvoirs à ses collaborateurs ; sauf lorsqu’il s’agissait du cas extraterrestre. Ce domaine lui était exclusivement réservé jusqu’en 1969, date de sa mort. Certes, il abandonna la présidence du MJ-12 en 1952 – ainsi que son poste de commandant en chef des forces de l’OTAN – mais il n’en fut pas moins un membre honoraire souvent consulté en cas de crise majeure.
C’est lui qui, dès le début, décida de garder en isolation les deux aliens. S’ils étaient évidemment conviés à l’atterrissage de leurs collègues sur la base d’Edwards, il n’était nullement question de leur rendre leur liberté.



« Bienvenue à nos frères extraterrestres ! Putain, on n’est pas dans la merde !!!… »

Ces derniers mois, les observations d’OVNI s’étaient pourtant faites moins nombreuses. Le 17 avril 1954, malgré un déploiement de forces impressionnant de l’armée américaine, nul ne savait si la mission alienigène serait au rendez-vous. Mais ce qui arriva ce jour-là dépassa toutes les espérances.
En quelques minutes, une cinquantaine de vaisseaux lenticulaires d’une taille impressionnante noircirent le ciel de la Californie. Les nombreux hélicoptères Sikorsky et autres chasseurs F-86 Sabre, censés assurer la maîtrise des airs, faisaient pâle figure.
Un seul de ces énormes engins atterrit sur la base. Il en sortit la délégation extraterrestre formée d'une dizaine de créatures, répliques exactes des deux captifs. Un silence de mort régnait parmi les officiels terriens, tout ébahis par le spectacle qui s’offrait à eux. Certains M.P., dont les plus aguerris, perdirent même connaissance ou devinrent carrément fous, tant le rapport de force semblait inégal.
A la surprise générale, un des aliens prit la parole dans un anglais shakespearien. Bien que la position de chef leur soit totalement inconnue, il s’exprima au nom de son peuple. [ On apprit plus tard que des mots comme jalousie ou égoïsme ne signifiaient rien pour eux puisque leur système politique se basait sur le principe de la communauté des biens. ]
Il remercia le MJ-12 pour avoir pris soin de ses deux infortunés compatriotes et proposa la création de relations diplomatiques entre Petits Gris et Américains, ces derniers étant selon lui, les meilleurs représentants de l’espèce humaine… En outre, il suggéra la construction d’une ambassade zététicienne (habitants de la constellation Zéta-Réticuli) sur l’ancien lac asséché de Groom Dry Lake, dans le désert du Nevada. Durant les travaux, le vaisseau plénipotentiaire stationnerait un moment sur la base d’Edwards ; quant au reste de la flotte, il s’en irait explorer le système solaire mais ne s’éloignerait pas outre mesure… Pour finir, il affirma que son espèce serait prête à fournir progressivement aux Etats-Unis la technologie extraterrestre ou technologie Stealth.
A ces propos plus que motivants, les officiels du MJ-12 souscrivirent aveuglément aux exigences des aliens. Certes, le coût de la construction de l’ambassade extraterrestre risquait de s’élever à plusieurs millions de dollars, mais les avantages que l’on pouvait tirer de cette collaboration justifiaient ces dépenses.
Ce fut à l’évidence une monumentale erreur d’appréciation et le début du déclin du pouvoir présidentiel américain...

C’est donc dès la fin de l’année 1954 que l’on posa la première pierre de l’ambassade extraterrestre. On avait tablé sur une superficie pouvant accueillir deux à trois mille visiteurs, soit le tiers de l’équipage d’un vaisseau moyen. Les travaux durèrent un peu plus de deux ans.
Pour ne pas éveiller les soupçons, la gigantesque installation était en fait souterraine. Constituée de 27 sous niveaux, elle fut couronnée d’une base aérienne dont l’Armée ne reconnut l’existence qu’en 1994. Il faut dire que Dreamland(1), fut planté au beau milieu d’un désert inhospitalier, lequel est encore à ce jour strictement interdit au public. C’est la Nellis Air Force Range ; un polygone dont la superficie est au moins égale à celle de la Suisse. Plus connue sous la dénomination Zone 51, on en fit un gigantesque champ de tir pour dissuader les curieux de s’y aventurer. Elle se localise au nord de Las Vegas, la capitale mondiale du jeu.
Tout fut payé à l’insu du contribuable américain, par le biais des crédits spéciaux de la CIA. Lieu des activités les plus secrètes de l’US Air Force, la Zone 51 sert aussi de centre d’essais pour les avions espions issus du Black Program. L’U-2, le SR-71 Blackbird et plus tard le F-117, le bombardier B-2 Spirit et l’intercepteur trans-atmosphérique Aurora y firent leurs premières armes. Inutile de vous dire que ces appareils ont tous fait appel à la technologie extraterrestre à des degrés croissants.
Les informations étaient, comme convenu, distillées par les aliens aux ingénieurs de Northrop et de Lockheed. Les rencontres se déroulaient dans le premier niveau inférieur de la base souterraine, considéré comme une zone neutre de libre échange, car abritant le nouveau siège de Majestic.
Hélas, ces « échanges » se révélèrent des plus inégaux. Malgré les millions de dollars engloutis dans la construction de l’ambassade extraterrestre, les Petits Gris rechignaient à divulguer le plus important de leurs secrets : le mode de propulsion de leurs soucoupes, lesquelles pouvaient atteindre des vitesses phénoménales sans pour autant générer de bang supersonique. Trop endommagée, l’épave de Roswell n’avait rien pu dévoiler dans ce domaine ; mais on soupçonnait qu’elle fonctionnait selon le principe de la MHD (Magnétohydrodynamique), une branche encore peu connue de la physique. L’enjeu était de taille : car la source d’énergie alimentant les systèmes MHD, ne générait aucune radioactivité ; un handicap qui avait toujours entravé l’emploi du nucléaire dans l’aéronautique.
Outre leur refus de coopérer, on constata que les aliens faisaient un peu trop d’excursions nocturnes, bien au delà des limites qui leur étaient imparties – à savoir les frontières de la Zone 51. Partout dans le monde, on ne comptait plus les rencontres rapprochées de premier, deuxième et troisième type (cf. Lexique). Citons, à titre d’exemple, la vague française de 1954 et la vague brésilienne de 1957.
Mais leurs écarts de conduite ne se limitaient pas à ces virées frauduleuses : pour d’obscures raisons, les soucoupes extraterrestres avaient pris la fâcheuse habitude d’encombrer les couloirs aériens fréquentés par les avions de ligne. Nombre d’entre eux faillirent percuter des OVNI trop crampons.
En 1958, au cours de son second mandat, Eisenhower comprit un peu tard qu’il s’était fait rouler dans ce marché de dupes imposé par les aliens. Durant sa carrière militaire, il n’avait jamais reculé face à l’ennemi. Dès lors, il décida d’investir Dreamland par la force pour raisonner ses occupants. Pendant deux ans, les échauffourées se succédèrent et se soldèrent par la mort de nombreux Bérets verts. Visiblement, les relations diplomatiques se voyaient compromises…


(1) - « Le Pays des rêves », surnom de la base militaire accueillant les Petit Gris.



CHAPITRE 4

JUSQU’AU TROGNON
ou
LA POLITIQUE LIBERALE DE JFK




« On fait souvent le bien pour pouvoir impunément faire le mal. »
La ROCHEFOUCAULD




Aux élections présidentielles de 1960, Eisenhower ne se représenta pas. Une modification de la Constitution en 1951 lui interdisait de briguer un troisième mandat. Rappelons qu’il fut réélu triomphalement en 1954. C’est donc au vice-président Richard Nixon qu’incomba la tâche de lui succéder. Hélas, malgré la popularité du président sortant, Nixon perdit de quelques voix face au candidat démocrate, John Fitzgerald Kennedy. Jeune, libéral et photogénique, il était l’opposé du vieux « Ike » à la santé fragile.
C’est par une froide journée de janvier 1961 qu’il prit possession de la Maison-Blanche. Dans le « bureau ovale », l’attendait un rapport conçu par le MJ-12 à son intention. A la lecture du dossier, il eut un aperçu du degré des responsabilités qui pesaient maintenant sur ses épaules. Par conséquent, sa première décision de président des Etats-Unis d’Amérique fut de mettre un terme à la crise américano-extraterrestre. A son tour, il commit l’erreur de croire que l’on pouvait parlementer avec les aliens. Vendre son âme au diable aurait été moins lourd de conséquences pour l’avenir de son pays, voire de l’humanité tout entière. Il n’eut pas le temps de s’en rendre compte…
Si dans le domaine de la conquête spatiale, les Etats-Unis affichaient un retard considérable face à l’Union Soviétique, Kennedy comptait sur une aide des aliens pour renverser la tendance. En outre, il espérait que cette collaboration pourrait être une opportunité de percer les secrets de la propulsion des soucoupes volantes.
En dépit des violentes escarmouches qui marquèrent la fin des années 50, les aliens n’avaient jamais fermé la porte de la diplomatie. Comme si de rien n’était, ils assurèrent le président de leur totale coopération en tant que conseillers techniques auprès des ingénieurs de la NASA(1). C’est sur l’un d’entre eux, l’Allemand Wernher Von Braun, – ancien spécialiste des V2 et ami de longue date, aux dires des deux rescapés – que les Etats-Unis pouvaient porter tous leurs espoirs. Ses travaux sur les fusées porteuses de satellites Jupiter étaient en bonne voie, mais avec un « coup de pouce » des aliens, on pourrait envoyer un homme sur la Lune et le ramener sain et sauf avant la fin des années 60 ! Cette boutade fut prise au premier degré par le président Kennedy. Sûr de son affaire, il la reprit devant le Congrès, le 26 mai 1961. C’est à partir de cette collaboration que les Américains finirent par connaître des succès dans l’espace et supplantèrent rapidement l’Union Soviétique (voir chapitre 6).
Hélas, cette aide ne se fit pas sans concessions de la part du gouvernement. En échange, les aliens désirèrent étudier, selon leurs propres termes, l’anatomie et la physiologie de l’espèce humaine. En arrivant sur Terre, ils furent choqués d’apprendre que l’on put encore mourir autrement que de vieillesse. N’ayant pas de solution pour éviter les guerres, ils offrirent leur aide dans le domaine de la médecine. Il faut dire qu’ils avaient depuis longtemps éradiqué toutes les maladies inhérentes à leur espèce avant même d’envisager les voyages interplanétaires. Le fait que la science terrienne soit devenue beaucoup trop matérialiste les attristait profondément.
C’est donc dans un élan de générosité « profondément sincère » qu’ils demandèrent l’autorisation d’enlever quelques terriens, lesquels seraient soumis à des tests médicaux dans un but strictement didactique. Permettre à l’être humain de ne plus se soucier de sa santé était apparemment une priorité pour les extraterrestres.
Cette requête inattendue laissa les autorités fort perplexes. Majestic proposa plutôt de leur fournir des condamnés à mort mais ils refusèrent, certifiant qu’aucun mal ne serait fait aux futurs abductés(2). Ils connaissaient évidemment le moyen d’étudier les organes d’un être vivant sans pour autant le disséquer. De plus, les patients n’auraient aucun souvenir de leur séjour forcé dans leurs laboratoires ; ils n’en garderaient évidemment aucune séquelle. Certains « élus » devaient faire quelques sacrifices dans l’intérêt général.
Les officiels et Kennedy le premier s’interrogèrent longuement. Les infractions juridiques résultant de leur consentement pouvaient être lourdes de conséquences pour l’avenir des Etats-Unis d’Amérique. Il s’agissait en effet d’une violation manifeste de la sacro-sainte Constitution de 1787.



« Au nom des Etats-Unis d’Amérique,… tope là fiston ! »

Pour convaincre les autorités, les aliens surenchérirent en proposant leur collaboration dans l’espionnage de l’URSS et de ses pays satellites. Ce coup de poker pesa lourd dans la balance ; de fait, le marché fut conclu dans les bureaux de Majestic, renforçant un peu plus l’emprise des Gris sur l’espèce humaine. Cette transaction immorale scella malgré tout la réconciliation des deux parties.
Pour la petite histoire, le premier enlèvement officiel survint une nuit de septembre 1961. Les « heureux élus » s’appelaient Betty et Barney Hill, un couple d’Américains moyens en vacances dans le New Hampshire. Ces derniers subirent de nombreux examens médicaux, sans doute fort peu agréables. Hélas, tout ne se passa pas comme les aliens l’avaient promis.
S’ils s’en tirèrent sains et saufs, les deux cobayes furent sujets à des crises d’angoisse inexpliquées dans les jours qui suivirent leur kidnapping. Dans leur sommeil, il leur arrivait même de faire d’horribles cauchemars souvent répétitifs. Passé trois années de souffrances morales, ils consultèrent un psychiatre qui ne put donner une origine à ces maux si soudains. En dernier recours, le praticien leur proposa une psychothérapie par l’hypnose, laquelle permit aux Hill de se remémorer la pénible rencontre. En dépit de l’incrédulité coutumière de la gent médicale, leur mésaventure fit sensation lorsqu’elle fut publiée fin 1966.
Cet incident se généralisa à chaque enlèvement. Malgré cela, les aliens poursuivirent leurs recherches avec l’aval des autorités concernées.
Pour éviter de provoquer un vent de panique au sein de l’opinion publique, Majestic créa la MIB au début de l’année 1967. Moins puissante que la CIA mais plus secrète que la NSA, la Martian Investigation Brigade(3) avait pour mission de recontacter les « contactés ». Il fallait les faire taire en les discréditant ou en les menaçant si cela s’avérait nécessaire. Les travaux des aliens ne devaient pas être ralentis, ou, qui pis est, interrompus. Pour Kennedy, on ne pouvait douter de leur bienveillance, d’autant plus que leur aide dans le domaine du renseignement commençait à porter ses fruits.
En effet, bien avant que les Gris ne ravissent les époux Hill, les observations d’OVNI s’étaient multipliées au-dessus des sites stratégiques des pays communistes. A la plus grande satisfaction du MJ-12, les aliens respectaient leurs engagements et recueillaient des informations capitales que les avions espions de l’Oncle Sam n’auraient mis à jour qu’avec difficulté. Par ailleurs, manquant d’efficacité et devenus trop facilement identifiables, ils envenimaient passablement les relations avec l’URSS. En mai 1960, on avait d’ailleurs frôlé l’incident diplomatique lorsqu’un U-2 fut abattu par la défense antiaérienne soviétique alors qu’il survolait l’Oural à 22.000 mètres d’altitude.
L’intérêt de faire appel aux soucoupes extraterrestres était évident : rapides et discrètes, elles avaient l’avantage de ne pas dévoiler leur origine et pouvaient donc franchir le « Rideau de fer » en toute impunité. C’est par ce subterfuge que l’on put obtenir des renseignements sur les activités militaires des pays de l’est. Toutefois, l’U-2 et plus tard le SR-71 Blackbird restèrent en activité pour donner le change.
En automne 1962, les aliens fournirent aux services secrets américains des photographies aériennes prises lors d’un vol de routine dans le ciel de Cuba.
L’île était gouvernée par le révolutionnaire Fidel Castro depuis 1953. Cette année-là, lui et ses « Barbudos » renversèrent le régime corrompu du général Batista avec l’agrément des Etats-Unis. Mais la réforme agraire entreprise en 1959 et la coopération explicite de l’URSS rendirent les relations entre les deux pays de plus en plus tendues. Distante de quelque deux cents kilomètres de la Floride, Cuba devint très vite une épine dans le pied du géant américain. Dès lors, il s’efforça sans grand succès de se débarrasser de ce voisin gênant.
En avril 1961, l’humiliation fut totale quand un groupe d’exilés cubains tenta, en vain, de reprendre le contrôle de l’île avec l’appui tangible de la CIA. Ce fiasco détériora un peu plus les relations entre les deux pays. Mais lorsque l’on découvrit grâce aux clichés extraterrestres que l’URSS installait des bases de fusées stratégiques sur l’île de la discorde, ce fut un véritable électrochoc.
Les USA se ressaisirent rapidement et instaurèrent un blocus du pays castriste. Au grand dam de Fidel, les Soviétiques retirèrent leurs fusées au bout de deux semaines d’extrêmes tensions entre les deux blocs. On avait frôlé la guerre nucléaire et de surcroît la fin de l’espèce humaine…
On considéra cet événement comme une victoire personnelle du président Kennedy. La fermeté et le sang-froid dont il fit preuve impressionnèrent la communauté internationale. Hélas, jusqu’à la fin il se sentit redevable vis-à-vis des Petits Gris. Il s’ensuivit une recrudescence sauvage des enlèvements extraterrestres. Les quotas fixés par Majestic lors des accords de Dreamland explosèrent littéralement. Le nombre des contactés ne faisait que s’accroître, celui des disparitions non élucidées aussi !…
A ce sujet, il faut malgré tout apporter une rectification importante : jamais, au grand jamais, les aliens n’ont enlevé des êtres humains dans le but de s’accoupler avec eux. Quoi qu’en disent certains ufologues, leur lignée n’est malheureusement pas sur le déclin. Ils n’ont nul besoin de perpétuer leur race en mêlant leurs gènes avec ceux d’une espèce aussi retardée que la nôtre. S’ils sont dépourvus d’organes génitaux, voilà des milliers d’années qu’ils ont maîtrisé la technique du clonage. L’origine de ces répugnants avortons est plutôt nébuleuse mais l’hypothèse de la génération spontanée est néanmoins d’actualité.
Si la finalité de ces enlèvements n’était évidemment pas humanitaire, ils contribuèrent à la conquête passive de la planète Terre et de ses habitants. En multipliant les contacts et en s’imposant progressivement dans les mentalités, il s’agissait d’habituer les humains à la présence des Gris parmi eux. Attendu que ce procédé nécessitait plusieurs séances pour s’avérer payant, les sujets se voyaient implanter une micro balise dans leur nez, laquelle facilitait leur repérage. Nul doute que l’accompagnement des avions de ligne par les soucoupes aliénigènes s’inscrivait dans la même optique.
Leur présence sur la Terre devenue coutumière, les Gris se proposeraient ensuite de mettre fin à des crises qu’ils auraient eux-mêmes provoquées. C’est alors que les terriens délégueraient progressivement leurs pouvoirs à ces nouveaux messies, devenant peu à peu leurs esclaves.
S’il est en bonne voie, l’Homme n’est pas encore assez « mûr » pour accepter ces changements. Mais les extraterrestres ont deux grandes qualités : la patience et la détermination !
Toujours est-il que Kennedy ferma les yeux sur ces « petits excès». Malgré cela, il continua sa politique sociale profondément réformatrice et bénéficia d’un consensus de l’opinion publique jusqu’à sa mort accidentelle…

Depuis le début de l’automne 1963, le président était en campagne électorale. Cette tournée visait à renforcer ses positions dans les États de l’Ouest et devait théoriquement assurer sa réélection en 1964. Le 22 novembre 1963, il se rendit à Dallas dans l’État du Texas, en compagnie de son épouse et, fait exceptionnel, de l’ambassadeur extraterrestre. Ce dernier, envers lequel il avait lié une vive amitié, voulut accompagner le président pour lui témoigner de son appui. Il souhaitait surtout assouvir sa curiosité maladive.
[ Comme nous l’avons dit précédemment, les aliens n’ont pas de dirigeant à leur tête. Leur mode de vie s’apparente à celui des termites sans la reine, chaque individu jouant un rôle bien défini dans la communauté. Ils n’en sont pas moins tous égaux et bénéficient par conséquent des mêmes avantages. Cette campagne était donc pour l’ambassadeur fort instructive. Ce rituel terrien l’amusait beaucoup bien qu’il n’en voie pas l’utilité. ]
Par une belle journée ensoleillée, la limousine décapotable du convoi présidentiel prit la direction du centre ville. Pour ne pas éveiller les soupçons, on plaça l’extraterrestre entre le couple Kennedy. Il était trop petit pour être vu des badauds agglutinés le long des avenues qu’emprunterait le chef d’État.
Alors qu’un virage en épingle ralentit la marche du cortège, un terrible drame mit prématurément fin au spectacle. Plusieurs coups de feu retentirent parmi les cris de la foule en liesse. Dans la limousine, Kennedy s’effondra sur l’ambassadeur, le crâne à moitié fracassé par l’un des nombreux projectiles. Il donna sa vie pour sauver celle de son invité ; car c’est bien ce dernier qui était visé.
Des assassins, on ne put interpeller qu’un certain Lee Harvey Oswald. Ancien Marine passé à l’Est, il fut recruté par une mystérieuse organisation pour accomplir la sombre besogne. Posté en haut d’un immeuble, le Texas School Book Depository ( un dépôt de livres scolaires ), il avait pour consigne d’attendre que son complice tire le premier. Jamais on ne découvrit l’identité du second tireur, François Mitterrand ayant, à l’époque, un alibi en béton !



« Planque-toi P’tit Gris !… BANG ! BANG !!… »

Seul Kennedy put voir le visage de cet homme et prévenir l’assassinat de l’ambassadeur. Son dévouement lui coûta la vie…
La commission d’enquêtes mise en place pour tenter d’élucider ce crime s’efforça d’escamoter les preuves du complot, à savoir la présence de plusieurs snipers. En effet, les risques de dévoiler l’existence des aliens étaient bien trop grands pour que l’on révèle la véritable identité des commanditaires. On conclut donc qu’Oswald, poussé par la folie, avait agi seul ou pour le compte du gouvernement castriste. La vérité est tout autre.
Un groupuscule armé, probablement issu des rangs du MJ-12, décida de frapper fort, histoire de juguler l’invasion des Petits Gris. Cette « cinquième colonne » baptisée SEPRA (Salutary Enterprise for Parasite Race Annihilation)(4), espérait provoquer une crise diplomatique entre les deux espèces en assassinant un dignitaire extraterrestre. Après ce coup d’éclat, leurs intentions visaient à dévoiler au monde les vrais desseins des envahisseurs. Hélas, l’entreprise échoua lamentablement.
L’organisation fut dissoute puis refondue quelques années plus tard dans un mouvement plus modéré, le CNES (Commity for Nasty Extraterrestrial Sur-render)(5).
Seul le film sanguinolent d’un cinéaste amateur du nom de Zapruder révéla l’existence d’un troisième passager à l’arrière de la limousine. Il fut longtemps gardé secret jusqu’au moment où le juge Garrison décida de rouvrir l’enquête sur le meurtre de JFK (voir le film homonyme d’Oliver Stone). Mais il subit quelques retouches de la part des spécialistes du MJ-12...


(1) - National Aeronautics and Space Administration (Agence spatiale américaine).
(2) - Victimes des enlèvements (de l’anglais to abduct- kidnapper).
(3) - En français la BMI, la Brigade Martienne d’Investigation.
(4) - Entreprise Salutaire pour l’Anéantissement de la Race Parasite.
(5) - Comité pour la Reddition des Vilains Extraterrestres.



CHAPITRE 5

G.I. LAQUE SAUCE AMERE
ou
LA GUERRE DU VIET-NAM




« Les gens les plus défiants sont souvent les plus dupes. »
Cardinal de RETZ




Le corps de Kennedy n’était pas encore froid que le vice-président Lyndon Baines Johnson (LBJ) prêtait serment. Signalons que la fonction de vice-président des Etats-Unis d’Amérique est très particulière. En effet, c’est la doublure du président, mais sans les cascades !…
Quelques jours après le drame, les Américains assistèrent en direct à l’assassinat d’Oswald, le meurtrier présumé. Il fut perpétré par le tenancier d’une boite de nuit, un dénommé Jack Ruby, escroc notoire fiché depuis des années par la police de Dallas. D’après les criminologues, c’est le profond sens moral du personnage et son amour de la justice qui motivèrent ce geste irresponsable. L’idée que ce crime infâme reste impuni lui était insupportable… En outre, il souhaitait épargner à la veuve Kennedy la tenue d’un procès.
En réalité, Ruby fut recruté par le SEPRA pour réduire Oswald au silence, lequel aurait pu dénoncer ses commanditaires.
Johnson ne découvrit l’existence des extraterrestres que lorsque ces derniers vinrent lui transmettre leurs condoléances. Ils vouèrent pendant longtemps une certaine adoration à JFK. Leur gratitude se témoigna par une baisse sensible des enlèvements au cours des années qui suivirent l’attentat. Ils mirent cependant fin à ce « deuil » en 1968, au grand soulagement du MJ-12. L’organisme avait un moment eu peur que les aliens se lassent de leurs « recherches médicales », rompant ainsi leur promesse d’éradiquer les maladies terriennes. Mais Johnson fut plus méfiant que son prédécesseur à l’égard des sous-locataires de la base de Groom Dry Lake.
De fait, il releva de nombreuses incohérences dans le rapport fourni par Majestic lors de son investiture. La politique menée par les précédents gouvernements envers les aliens faisait montre d’une rare insouciance. De plus, le MJ-12 n’avait plus, selon lui, une vision claire et impartiale de la situation. Crée par Truman en 1947, il s’était progressivement éloigné de ses fonctions originelles. En réalité, l’organisme devait au départ s’assurer que le phénomène extraterrestre ne portait pas atteinte à la sécurité des Etats-Unis ; mais son influence sur les aliens devenait, d’année en année, de plus en plus limitée. Le déploiement de force des visiteurs au-dessus de la base d’Edwards avait beaucoup joué dans ce sens.
Devant ce constat d’échec, Johnson s’avisa de la nécessité de remanier le comité exécutif du groupuscule. Certes, le bilan de ses activités était plutôt mitigé ; mais il avait joué brillamment son rôle de médiateur entre le gouvernement et ses encombrants invités, évitant ainsi à de nombreuses crises de s’envenimer. D’ailleurs, s’il n’avait pas vu le jour, les Gris nous auraient certainement assujettis depuis longtemps. Repoussant l’échéance de plusieurs années, Majestic avait surtout veillé à ce que l’on satisfasse aux moindres de leurs revendications.
La réorientation de sa mission ne se fit pas sans heurts. Durant plusieurs mois, ses relations avec la présidence se dégradèrent au plus haut point. Il faut dire qu’il avait acquis une certaine indépendance vis-à-vis de Washington. Du fait de son anonymat, cette autonomie s’était prononcée au cours des ans, notamment lors du second mandat du président Eisenhower. Le MJ-12 ne dépendait en fait que du Congrès lorsque ce dernier votait les crédits alloués aux fonds spéciaux de la CIA. Ces sommes colossales dont il ne connaissait évidemment pas la destination alimentaient aux deux tiers les caisses de l’organisation occulte.
Les aliens eurent vent de cette crise intestine et décidèrent d’y prendre part. Pour préserver leurs intérêts, ils s’étaient donné pour devoir de soutenir leur interlocuteur privilégié. Cette nouvelle ingérence fut beaucoup plus subtile...

Depuis le début de la « Guerre froide », les Etats-Unis croyaient en une menace communiste mondiale. L’Asie du Sud-Est était particulièrement touchée : la Chine était devenue communiste en 1949 ; la Corée du Nord avait envahi le Sud en 1950, avec les conséquences que l’on connaît ; les Philippines et la Malaisie subissaient des révoltes populaires ; et la France fut dans l’obligation d’abandonner l’Indochine, en 1954, après la défaite de son corps expéditionnaire à Diên Biên Phu.
Pour enrayer l’épidémie, le géant américain se devait d’apporter son soutien aux États menacés par ce fléau. La république démocratique du Viêt-nam était en première ligne.
Peu après la capitulation française, les accords de Genève avaient instauré la partition de l’ancienne Indochine de part et d’autre du 17ième parallèle. Mais tôt ou tard, le Nord risquait d’envahir le Sud à l’image de la Corée.
Pour éviter d’en arriver à cette extrémité, les Etats-Unis s’étaient ouvertement impliqués dans le commandement de l’armée sud-vietnamienne. De fait, Kennedy avait renforcé la contribution militaire octroyée par son pays à son gouvernement fantoche ; Eisenhower y avait déjà envoyé de nombreux conseillers depuis 1955.
Malgré l’aide accrue fournie par l’Oncle Sam, le Viêt-cong, l’armée du Nord Viêt-nam, écrasa son homologue du sud en janvier 1963. Dès lors, l’engagement des Etats-Unis dans cette partie du monde prit un nouveau tournant. La région pouvait s’embraser aux moindres échauffourées, et cela, les aliens l’avaient bien compris.
Le 2 août 1964, un événement qui n’a toujours pas été éclairci, mais que l’on peut aujourd’hui imputer aux aliens, amena le Viêt-cong à commettre l’irréparable : un contre torpilleur américain croisant dans la baie du Tonkin subit les assauts de trois vedettes lance-torpilles communistes. L’administration Johnson profita de cet incident pour exiger du Congrès qu’il élargisse le mandat de ses forces armées présentes sur le théâtre des opérations. Il fallait avant tout parer à une nouvelle attaque si elle venait à se présenter.
Le Congrès donna les pleins pouvoirs au président Johnson en votant la résolution du Golfe du Tonkin. Les possibilités qui lui étaient offertes allaient au delà de ses espérances. Du reste, il la compara plus tard « à la chemise de grand-mère : elle couvrait tout ! »
Lorsque le 3 août, le Viêt-cong attaqua de nouveau les navires américains, la riposte de ces derniers fut immédiate. L’opinion publique approuva cette action et gratifia Johnson d’une victoire écrasante aux élections présidentielles de novembre 1964.
En mars 1965, 3500 Marines débarquèrent à Da Nang sur la côte nord du Sud Viêt-nam, lançant de surcroît la fameuse opération Rolling Thunder (Tonnerre roulant). Le retour en arrière était devenu impossible.
Manifestement, la première phase du piège tendu par les aliens venait de se resserrer sur LBJ. Fins tacticiens, les Gris savaient depuis le début que la guerre serait longue et coûteuse. Ce fut par ailleurs le conflit le plus controversé de toute l’histoire des Etats-Unis. Entre 1965 et 1975, presque trois millions de G.I servirent au Viêt-nam. Il en coûta, au contribuable américain, la bagatelle de cent milliards de dollars, hélas, en pure perte. Malgré 900.000 morts côté « Niacoué », l’Oncle Sam du capituler à l’instar des français en 1954. S’en prendre aux Petits Gris n’était visiblement pas une idée lumineuse. Le message était passé, surtout chez les 54.939 bidasses tombés au front à l’issue des combats. [ Rappelons que la guerre de Corée fit autant de victimes et qu’elle fut, elle aussi, imputable aux aliens. ]
En 1967, l’Amérique était de plus en plus divisée quant à la nécessité de prolonger cette guerre inutile. D’ailleurs, pour la subventionner, une rumeur persistante prétendait que le gouvernement s’accaparait des fonds indispensables à l’instauration des réformes sociales. Réformes promises en 1960 par le président Kennedy, contribuant ainsi à son élection.
Pour LBJ, une victoire décisive s’imposait s’il espérait se voir reconduire dans ses fonctions, en novembre 1968. En effet, seul un événement laissant présager un arrêt rapide des hostilités pourrait peut-être lui redonner la confiance de ses concitoyens. Hélas, en janvier 1968, l’offensive du Têt compromit grandement ses projets électoraux. Fortes de 100.000 hommes, les troupes communistes s’engagèrent sur plusieurs fronts, dans une attaque massive du Sud Viêt-nam. L’armée américaine fut véritablement surprise, ne croyant pas que ses adversaires seraient capables de monter une telle opération. Elle reprendra finalement le dessus, après plusieurs jours de combats acharnés, infligeant au Viêt-cong des pertes considérables. Mais ce dernier n’était visiblement pas prêt à déposer les armes de si tôt.
Cet acharnement du Nord Viêt-nam à vouloir bouter les forces américaines hors de ses frontières porta un rude coup au moral du président Johnson. Dans la mesure où l’issue de la guerre demeurait incertaine, ses chances de réélection se voyaient réduites à néant. Mais les aliens ne sont pas rancuniers.
S’ils avaient décidé de s’établir, en 1954, dans les profondeurs obscures d’un lac asséché, ce n’était évidemment pas par hasard. De fait, la Zone 51 s’étendait sur l’un des grands bassins sédimentaires de notre planète. A 247 mètres de profondeur, le dernier sous niveau de l’ambassade extraterrestre reposait sur l’un des plus gigantesques réservoirs pétrolifères que la nature ait pu créer au cours des temps géologiques. L’or noir étant à la base de l’industrie terrienne, les futurs résidents avaient trouvé opportun de s’installer tout près de ce gisement, resté jusqu’alors inconnu des prospecteurs.
Au lendemain de l’offensive du Têt, le présentateur vedette de CBS, Walter Cronkite, déclarait au monde que « la guerre se trouvait dans une impasse », sonnant ainsi le glas de la carrière politique du président sortant. Pourtant, au même moment, les aliens proposaient à Johnson de prendre part à l’exploitation de leur fabuleux pactole. Renonçant avec résignation à se représenter à la Maison-Blanche, il accepta avec enthousiasme. Être à la tête d’une exploitation pétrolière n’était-il pas une preuve de réussite pour un Texan ? Pour Johnson, c’était l’évidence même. En outre, l’honneur était sauf !
C’est pourtant par cet acte de générosité que se referma sur lui la seconde phase du piège machiavélique tendu par les aliens. Leur plan visant à raisonner le président pouvait se prévaloir de sa totale réussite. Le pathétique de l’affaire, c’est qu’LBJ ne découvrit jamais l’origine de son malheur.



« On va se faire des couilles en or ! »

En 1969, Richard Milhous Nixon, ancien vice-président sous l’administration Eisenhower et membre du MJ-12, devint le 37ième président des Etats-Unis Unis d’Amérique. Cette même année, un être humain foulait le sol lunaire, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Aux pieds du LEM (Lunar Excursion Module), la délégation extraterrestre lui fit un accueil triomphal…
 



CHAPITRE 6

SPOUTNIK TA MERE
ou
LA CONQUETE SPATIALE




« Tel qui veut se griser d’air pur, s’enivrer sur
les hauteurs, n’arrive qu’à s’enrhumer. »
J. RENARD




En 1955, soit un an après le survol de la base d’Edwards par la flotte extraterrestre, Eisenhower promit le lancement d’un satellite artificiel au cours de l’année géophysique 1957-1958. On avait prévu que la construction du complexe souterrain de Dreamland se terminerait vers la fin de l’année 1956. L’aide technologique offerte en échange par les futurs locataires avait permis de faire progresser rapidement la recherche aéronautique militaire, mais elle n’avait rien de révolutionnaire. On espérait benoîtement qu’à la livraison des locaux, les aliens feraient un geste dans le domaine encore balbutiant de la conquête spatiale.
Lorsque le 4 octobre 1957, l’URSS lança dans l’espace un petit vaisseau sphérique nommé Spoutnik (compagnon de route), le choc fut terrible pour les Américains. Que l’armée soviétique avait, elle aussi, organisé la chasse aux savants allemands n’était un secret pour personne. L’étude des fusées V1 et V2 était à la base de leur programme de missiles balistiques ; les Américains avaient fait de même. Mais d’apprendre par ce coup d’éclat que leurs ennemis jurés avaient à ce point avancé leurs recherches, les paralysa de stupeur. « Ike » était furieux. Etait-ce possible qu’un peuple aussi rustre, un ramassis de moujiks ignares ait réussi la plus grande expérience technique du siècle depuis la création de la bombe atomique ? La confirmation de la terrible nouvelle vint lorsque l’on enregistra les « bip-bip » intermittents émis par les quatre antennes du satellite.
Les Etats-Unis subirent un nouveau camouflet, lorsque le 3 novembre de la même année, leurs adversaires satellisaient la chienne Laïka à l’intérieur du Spoutnik-2. La fusée américaine Vanguard n’était pas encore sur son pas de tir, que la vermine communiste faisait pisser ses clébards dans l’espace !
Le 6 décembre, la fusée Vanguard décolla enfin de Cap Canaveral avec à son bord le petit satellite Pamplemousse. Pesant à peine un kilo cinq, il faisait figure de lilliputien face à ses deux prédécesseurs : Spoutnik-1 pesait ses 84 kilos au garrot ; Spoutnik-2 dépassait 500 kilos. Hélas, après quelques secondes de vol, le lanceur explosa dans un vacarme assourdissant. Cet échec retransmis par les télévisions du monde entier, provoqua un vent de panique dans l’opinion américaine. Jamais les Etats-Unis n’avaient été aussi humiliés, hors période de guerre.
Cette suprématie technologique de l’URSS ne laissait présager rien de bon quant à la pérennité du monde libre. En effet, le continent américain était maintenant à portée de tir des armes nucléaires soviétiques.
Cependant, le MJ-12 et Eisenhower le premier étaient loin de se douter que les aliens jouaient depuis le début sur les deux tableaux. Dès 1952, ces misérables jésuites avaient en effet pris contact avec les autorités soviétiques en leur proposant leur aide technologique dans des domaines aussi divers que la conquête spatiale ou la recherche médicale… Selon eux, le système communiste se rapprochant le plus de leur mode de vie, le peuple d’URSS était à même de recevoir « l’ultime connaissance » acquise par les aliens depuis des milliers d’années. Hélas, ce n’est que bien plus tard que l’on découvrit leurs manigances.
Comme avec Hitler en 1939, Staline ne se fit pas prier pour pactiser avec le diable. Pour leurs expériences, il proposa même de leur fournir des cobayes choisis parmi les millions de prisonniers internés par ses soins dans les goulags de Sibérie. Si la plupart ne survivraient pas à leur captivité, il en resterait suffisamment pour prêcher la divine parole extraterrestre à leur retour.
En échange, les visiteurs exigèrent la construction d’une ambassade souterraine à l’abri des avions espions américains. Une région isolée du monde, un coin perdu au fin fond de la Sibérie était tout indiqué. C’est ainsi que naquit Toungouska, la toute première enclave extraterrestre de la planète Terre. Mais cela, c’est une autre histoire…
Revenons plutôt du côté des Etats-Unis et de leurs multiples déboires dans leurs tentatives de conquérir l’espace.
Après l’échec de la mission Vanguard, c’est en dernier recours qu’on fit appel à l’ancien directeur technique de Peenemünde et père du V2, Wernher Von Braun. Transféré aux Etats-Unis depuis 1945 suite à la grande rafle des savants allemands, il travaillait jusqu’alors à la reconstruction et à l’amélioration des fusées élaborées pour la Wehrmach durant la guerre.
Ce choix se révélera judicieux. Le 1ier février 1958, il sauva l’honneur de ses nouveaux compatriotes en plaçant sur orbite le satellite Explorer-1 au moyen d’une fusée Jupiter-C modifiée. Malgré la réussite un peu tardive de la mission américaine, leur retard ne fera que s’accroître dans cette course de vitesse engagée avec l’URSS. Car poussés par les conseillers extraterrestres, les ingénieurs soviétiques ne restèrent pas inactifs. En aucun cas ils ne devaient faillir à leur devise : « Toujours plus ! »
Quant aux aliens de Groom Dry Lake, ils refusaient obstinément de dévoiler leurs secrets technologiques. En outre, la tentative d’Eisenhower pour les ramener à la raison n’arrangea pas les choses. Jusqu’à l’accession au pouvoir de JFK, les progrès dans la conquête spatiale furent des plus minimes.
On oublia vite l’exploit de Von Braun, lequel se retira du devant de la scène, relégué durant ces deux années à des fonctions peu gratifiantes. La NASA, pourtant créée en 1958 pour coordonner les travaux de recherche et d’exploration spatiale, ne brilla pas par ses réalisations, du moins jusqu’au retour du spécialiste allemand.
Rappelé par Kennedy sous l’impulsion des aliens, il se vit confier la lourde tâche d’organiser le débarquement d’astronautes américains sur la Lune avant la fin des années 60. Cette idée saugrenue lancée à la va-vite lors de la réconciliation américano-extraterrestre enthousiasma le docteur von Braun.
Pourtant, la tâche en aurait effrayé plus d’un. En effet, quelques jours avant sa réintégration, les Soviétiques semblaient au summum de leur triomphe. Ils venaient de réaliser un nouvel exploit en satellisant un être humain pendant 108 minutes. Le 12 avril 1961, à bord de son vaisseau Vostok-1, le cosmonaute Youri Gagarine rentrait dans l’histoire en accomplissant une modeste révolution terrestre.
Mais l’Allemand savait qu’il pourrait à nouveau compter sur l’aide éclairée de ses deux vieux complices, les rescapés du crash de Roswell ; ceux là mêmes qui, dans les années 40, lui avaient glissé à l’oreille l’idée de la fusée à étages… Avec les ressources financières et industrielles du pays, tous les atouts étaient dans sa manche pour la reprise en main du leadership spatial.
Les efforts frénétiques des Américains pour rattraper leur retard furent très vite payants. Dès 1962, ils finirent eux aussi par accumuler les succès. Le 20 février, moins d’un an après le vol de Gagarine, John Glenn réitéra cet exploit en effectuant trois fois le tour de notre astre. Ils furent nombreux à venir grossir les rangs de ces nouveaux héros, relevant de jour en jour le prestige des Etats-Unis d’Amérique.
Si les Soviétiques continuèrent leurs premières en envoyant une femme dans le vide sidéral, leur suprématie déclina rapidement du fait d’un arrêt brutal de la coopération extraterrestre. A l’instar des américains quelques années auparavant, ils durent subir les frasques de ces horribles homuncules. Mais si les Etats-Unis furent aussi prompts à réagir, c’est aussi grâce à la gigantesque fusée Saturne-5.
Signalons que tous les lanceurs de la série Saturne sont issus de la coopération active entre l’ingénieur allemand et ses conseillers d’outre-espace. Pour l’anecdote, on les affubla au départ du doux nom de Vénus. Or, on s’aperçut que l’initiale V suivie du numéro de série faisait aussi référence aux armes secrètes nazies de triste mémoire. « V » signifiant ici Versuchs (Série de développement) ou Vergeltungswaffe (Arme de représailles). Le V2 rendit célèbre Wernher Von Braun, quant aux aliens, c’est grâce au V7 qu’ils se firent connaître par les Américains (il semblerait que le code le plus élevé fut V15).
Pourtant, en novembre 1963, on aurait pu croire que la mort de Kennedy mette un frein brutal à ce formidable élan qu’il insuffla à la conquête spatiale. Fort heureusement, son remplaçant, malgré sa méfiance envers les extraterrestres, décida de perpétuer la grande aventure. Bien qu’il ne fut pas encore au courant de l’existence des Petits Gris, il fut cependant le premier des deux hommes à soutenir les efforts de son pays dans le domaine spatial. En mars 1961, Lyndon Johnson n’avait-il pas déclaré à ses concitoyens :
« Nous n’avons pas été les premiers dans l’espace, mais, comme l’a promis John Kennedy, nous serons les premiers sur la Lune ! Ce seront les premiers dans le ciel qui seront les premiers dans le monde de demain ! ». Il aurait pu ajouter : « en vendant nos âmes aux extraterrestres !… »
Dans un dernier sursaut, les Soviétiques accomplirent un nouveau tour de force le 18 mars 1965. Alexeï Leonov fut le premier des cosmonautes à évoluer dans l’espace pendant une vingtaine de minutes après s’être extirpé, non sans difficultés, du Voskhod-2.
Malgré l’arrêt brutal de la collaboration extraterrestre, ils réussirent même à envoyer plusieurs modules d’explorations vers notre satellite. C’est avec succès que l’engin Luna-IX foula le sol sélénite, quatre mois avant la sonde américaine Surveyor-1. Elle transmit vers la Terre le premier panorama photographique de la Lune. Sur l’épreuve originale, on pouvait nettement distinguer un immense complexe aliénigène, lequel hébergeait cinq ou six croiseurs intersidéraux disposés en rang d’oignon. Sur les retirages officiels, la censure se chargea d’effacer comme à l’accoutumée, ce détail hétéroclite du paysage lunaire. Pourtant, ce ne fut pas une surprise pour les autorités responsables du programme spatial. En effet, dès 1954, les aliens construisirent plusieurs sites d’atterrissages pour leurs volumineux vaisseaux, utilisant avec ingéniosité des cratères de dimensions égales. Avec l’accord de Staline et du MJ-12 pour les Etats-Unis (chacun se croyant l’unique hôte des aliens), la Lune leur servirait de base de maintenance pour les escadrilles croisant dans notre système solaire. Il s’agissait surtout de ne pas éveiller trop vite l’attention des non-initiés, à savoir le commun des mortels !
Quoi qu’il en soit, rien ne pouvait plus arrêter le rouleau compresseur américain. D’une hauteur de 111 mètres et d’un poids de 3300 tonnes, la fusée géante Saturne-5 décolla de Cap Kennedy à la mi-juillet 1969. Dans un déluge de flammes, elle propulsa vers notre satellite le mythique vaisseau Apollo XI.




« Contrôle technique O.K. Monsieur von Braun ! »

Il emportait à son bord trois passagers, trois astronautes triés sur le volet parmi la crème des pilotes. A ses côtés, une demi-douzaine de soucoupes de type « Roswell » veillait au bon déroulement des opérations. Elles avaient ordre d’intervenir à tout instant si une avarie venait mettre en danger la vie des trois pionniers.
Fidèles à leur réputation, les conseillers extraterrestres ne brillèrent pas sur l’étendue de leurs propos. Si dès le début, ils s’assurèrent que la sécurité des missions spatiales était inébranlable ; ils ne distillèrent leur savoir faire qu’avec parcimonie. C’est ainsi que leurs précieux conseils sur l’échauffement considérable produit lors de la rentrée dans l’atmosphère des modules, amenèrent les ingénieurs de la NASA à les protéger par un épais bouclier thermique. Grâce à ce « tuyau », on évita de peu la carbonisation de l’astronaute Allan Sheppard lors du premier vol habité du 5 mai 1961.
Le 20 juin 1969, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un être humain foulait le sol de notre satellite. Malgré les sacrifices, la NASA releva in extremis le défi de feu le président John Kennedy.
Pour ne pas heurter la sensibilité des autochtones, on décida de choisir un civil en la personne de Neil Armstrong pour accomplir cette prouesse. Visiblement touchée par ce geste de paix, la délégation extraterrestre lui remit symboliquement les clés du satellite. La cérémonie fut émouvante bien que remplie d’un profond malaise. Armstrong n’avait rien d’un Christophe Colomb découvrant l’Amérique. Il tenait plutôt des ces indigènes candides que l’on exhiba devant la cour d’Espagne comme des bêtes curieuses.
Toutefois, ce moment de gloire releva définitivement le prestige des Etats-Unis. Il faut dire que des centaines de millions de terriens pouvaient suivre en direct sur leur téléviseur la fantastique épopée. A ce propos, ne vous êtes-vous jamais demandé qui pouvait bien filmer la descente du premier astronaute ?! La réponse est élémentaire !…
La seconde expédition lunaire fut elle aussi couronnée de succès et permit de ramener plusieurs kilos d’échantillons rocheux dans les soutes du module d’exploration. Cependant, en avril 1970, un événement vint rappeler au monde le caractère incertain et périlleux des vols spatiaux.
Par un lancement presque routinier et dans un désintérêt grandissant du public, le vaisseau Apollo XIII s’envola vers sa destination. Le 13 avril, à 300.000 kilomètres de la Terre, il émit un S.O.S. à l’attention du centre de contrôle de la NASA, brisant de surcroît le silence glacé du vide sidéral.
« Allo, Houston, on a un problème ! » s’écria Jim Lovell avec des trémolos dans la voix. Chapeautant l’expédition, l’astronaute avait des raisons de s’en faire : la situation était critique. Une étincelle venait de provoquer l’explosion de l’un des réservoirs d’oxygène du module. La vie des trois hommes ne tenait qu’à un fil.

« Tous nos vœux vous accompagnent !… »

On estimait leurs chances de survie aux alentours de dix pourcents ! Les malheureux risquaient de mourir asphyxiés si le vaisseau n’explosait pas avant. Du reste, il n’y avait aucun moyen de les rapatrier, car un début d’incendie venait d’endommager gravement les instruments de bord. Les infortunés astronautes en étaient-ils réduits à se morfondre jusqu’à leur fin tragique dans l’impuissance générale ? Le destin en décida autrement. Les aliens intervinrent quelques minutes avant le moment fatidique, prolongeant avec sadisme le suspense jusqu’au bout.
Les rescapés de ce naufrage cosmique réussirent à enfiler leur combinaison étanche puis à s’extirper tant bien que mal du vaisseau en perdition. Ils furent immédiatement recueillis par l’une des six soucoupes croisant dans le secteur. Houston tentait désespérément de les faire intervenir comme cela avait été prévu dans un pareil cas ; mais elles avaient volontairement rompu le contact depuis le décollage de la fusée Saturne. Peut être les aliens avaient-ils le pressentiment qu’un événement inhabituel allait écourter la mission ? Peut-être même furent-ils à l’origine de cet incident technique ? Nous ne le saurons jamais.
L’aventure dramatique tint en haleine le monde entier jusqu’à son dénouement heureux. A la vision du retour sur Terre de la soi-disant capsule Apollo XIII, le soulagement fut général. Le vaisseau ayant en réalité explosé, on ressortit au public l’enregistrement de la phase finale d’une précédente mission. Quant aux miraculés, les aliens les déposèrent directement sur le pont du porte-avions censé les récupérer dès leur amerrissage. Hélas, cet incident ne fit qu’accroître notre dépendance envers nos futurs maîtres, les extraterrestres.
Dans le cas présent, seuls les trois naufragés et les officiers du porte-avions en faction dans la tourelle de commandement – le pont d’envol ayant été évacué sur ordre du MJ-12 – découvrirent l’existence de ces abominables créatures.
Toutefois, certains astronautes s’aperçurent qu’ils étaient suivis par de mystérieux engins durant leurs vols. Ils signalèrent la présence de ces OVNI dans leurs communications radio mais la censure fut sévère de la part de la NASA. L’organisme pouvait à tout instant brouiller les transmissions, lesquelles étaient de toute manière retransmises en différé. Par la suite, il imposa le silence à ses pilotes, au risque de sanctions disciplinaires.
Il faut savoir que seule la mission Apollo XI eut l’honneur d’être accueillie par les aliens sur le sol lunaire. On avait d’ailleurs prévenu les trois pionniers d’une possible rencontre quelque peu inattendue… Les astronautes des expéditions suivantes n’eurent pas ce privilège. Ils explorèrent un astre sans vie apparente, dont le sol ravagé par des myriades d’impacts de météorites ne laissait planer aucun doute quant à l’inhospitalité des lieux. Les quelques missions qui suivirent se déroulèrent dans une totale indifférence de la part du public. L’argent commençant à faire défaut et les Soviétiques ayant déclaré forfait, on mit rapidement fin aux programmes lunaires.
Si les ingénieurs de la NASA réussirent à combler d’innombrables lacunes dans leurs recherches, ce fut évidemment grâce à l’expérience millénaire des aliens dans le domaine des voyages interplanétaires. Si cela n’avait pas été le cas, combien de ces vaillants pilotes auraient été carbonisés dans leur module, écrasés au sol en redescendant sur Terre ou perdus à jamais dans les confins de l’espace ? L’astronautique n’eut pourtant qu’une dizaine de martyrs. Souvenons-nous des nombreux morts que fit l’aviation naissante. A quelques exceptions près, la supervision extraterrestre du programme spatial américain permit aux missions Mercury, Gemini et Apollo de connaître des succès quasi immédiats. N’est-elle pas là, la preuve irréfutable de l’utilisation d’une technologie non humaine ?… Nul besoin de sortir de Polytechnique pour se rendre à l’évidence !
Hélas, que de concessions fallut-il faire pour assouvir ce rêve inutile, que de sacrifices futurs de la part de ces millions d’êtres humains manipulés par une poignée de nantis !
Durant toute sa vie, le président Nixon en fit la triste expérience...
 



CHAPITRE 7

NIXON DEMASQUE
ou
LES EXTRATERRESTRES N’EXISTENT PAS




« On ne trahit bien que ceux qu’on aime »
M. SACHS
 



Aux élections présidentielles de novembre 1968, Lyndon Johnson ne se représenta pas pour les raisons précédemment évoquées. Huit ans après avoir été mis à l’écart de la scène politique, Richard Nixon lui succéda. Il redonna par la même occasion le pouvoir aux Républicains, mais de justesse. Dès son entrée en fonction, au début de l'année 1969, il annonça un retrait progressif des troupes américaines au Viêt-nam ; comme il l’avait promis durant sa campagne électorale.
Sans pour autant abandonner le terrain aux communistes, il se prononça pour une « vietnamisation » du conflit. En un mot, il s’agissait de renforcer le soutien matériel accordé aux forces démocratiques du Sud Viêt-nam, afin de leur donner plus d’autonomie vis-à-vis des troupes américaines. Ce réarmement substantiel de l’ARVN(1), visait surtout à protéger les arrières des troupes américaines, leur permettant ainsi d’organiser un repli en toute sécurité. Même si le président ne se faisait aucune illusion quant à la suite des événements, le gouvernement sud-vietnamien devait maintenant se sortir seul de ce « merdier ». Pour les Etats-Unis, la facture se faisait un peu trop « salée », et en hommes et en matériel.
Pourtant, entre le moment où Nixon décida de retirer ses troupes et celui où le dernier G.I. quitta le sol vietnamien, il s’écoula cinq longues années. En janvier 1973, les belligérants signaient enfin des accords de paix à Paris, et en mars 1974, les derniers prisonniers de guerre, officiellement encore en vie, retournaient dans leur pays. Un an plus tard, le Nord Viêt-nam envahissait le Sud sans protestation de la part du gouvernement américain. On ne commet pas les mêmes erreurs, Majestic était là pour y veiller.
Outre le retour aux affaires des Républicains, 1969 fut une année importante dans l’histoire rendue publique de l’ufologie. Dans un rapport circonstancié de mille pages, l’université du Colorado dévoilait les conclusions de ses recherches visant à éclaircir le phénomène OVNI. A la demande du gouvernement, l’armée américaine avait commandité cette étude trois années auparavant face à la recrudescence de ces étranges apparitions célestes.
Si d’aucuns lecteurs jugeront cette demande paradoxale, rappelons qu’à l’époque, quatre vingt quinze pourcents du staff militaire n’étaient pas informés du crash de Roswell et de ses conséquences tragiques sur l’avenir de leur pays. Cette confiance relative accordée à des civils fut surtout le moyen pour la « Grande muette américaine » de se débarrasser de cet encombrant dossier auquel elle ne pouvait donner aucune explication satisfaisante. Une seule certitude, les Soviétiques n’étaient en aucune façon mêlés de près ou de loin à cette affaire. La sécurité intérieure ne risquait donc pas d’être remise en cause.
Portant le nom du célèbre physicien qui présida cette commission très particulière, le rapport Condon conclut à l’inintérêt de l’ufologie. Sur les 91 cas d’observations choisis parmi les plus fameux, aucun ne pouvait soutenir l’hypothèse extraterrestre. Comble de l’hypocrisie, on évoqua des origines naturelles – nuages lenticulaires, aurores boréales, halos circum-solaires – et pathologiques – hallucinations collectives, éthylisme, maladies mentales – pour expliquer l’inexplicable. Malgré un tollé général de la presse et des accusations de malhonnêteté intellectuelle de la part de certains de ses membres, la commission Condon n’envisagea pas d’approfondir ses investigations. [Affaire classée]
En décembre 1969, l’US Air Force mit à son tour un terme à son programme d’étude sur les OVNI. Lancé vers la fin de l’année 1947, il subit maints remaniements et changea plusieurs fois d’appellation, la dernière en date étant Blue Book. Son accouchement fut long et difficile, pour un résultat confirmant les thèses « négationnistes » du rapport Condon. [Affaire classée]
Néanmoins, peu de gens connurent les véritables tenants et aboutissants de ces deux études. Menées pourtant par des officiers compétents et des scientifiques émérites, elles n’en étaient pas moins dénuées d’objectivité. Dans l’ombre, Majestic tirait en effet les ficelles depuis le début. En dépit des témoignages sincères concernant des enlèvements ou des observations d’engins peu conventionnels, les deux rapports convergèrent vers la même réflexion : les extraterrestres n’existent pas !
Une conclusion après tout fort logique dans la mesure où le professeur Condon intégra le MJ-12 sous la présidence Johnson. MJ-12 qui dès sa création proposa, par les circuits officiels, l’ouverture d’une étude sur les OVNI : le fameux projet Sign ! Quoi de plus naturel pour court-circuiter une enquête dont l’issue aurait pu être catastrophique, que d’en être l’instigateur ou le dirigeant.
Par ce subterfuge, il s’agissait surtout d’éviter un affolement général de la population américaine. Ces révélations allaient à l’encontre de ses convictions religieuses, souvent à la limite de l’intégrisme. Par ailleurs, elles auraient pu déstabiliser l’économie de la superpuissance, numéro un dans sa catégorie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’autre explication de ce « déboulonnage » tenait dans le fait que les Etats-Unis ne voulaient pas partager la manne extraterrestre avec leurs alliés.
Dans les années 60, nombre de journalistes participèrent à cette mystification, en infiltrant la presse aéronautique pour le compte du MJ-12. Aujourd’hui, ils sévissent encore, ces « reporters » de tous poils, barbouzes de la désinformation, écumant les rédactions de journaux spécialisés soi-disant conformistes. A l’avenir, c’est donc avec circonspection que vous aborderez le rayon « Sciences et Techniques » de votre librairie !

Richard Milhous Nixon travailla lui aussi pour Majestic durant une bonne partie de sa carrière politique. Mais les desseins de cet homme au caractère ambivalent furent tout autres.
Jeune sénateur ayant fait croisade contre le communisme sous le second mandat du président Truman, il rentra au MJ-12 comme chargé de mission auprès du secrétaire exécutif des finances. Il gravit rapidement les échelons pour atteindre le statut privilégié de chef de cabinet à la Direction Générale. C’est cette ascension fulgurante jusqu’au sommet de l’organisation qui le fit remarquer de son directeur, Dwight D. Eisenhower. Son sens aigu de la diplomatie et le sang-froid dont il fit preuve en prenant connaissance du dossier extraterrestre décidèrent le vieux « Ike » à proposer ce brillant technocrate comme candidat à la vice-présidence. Nixon ne se fit pas prier ; de par sa renommée, le vieux général avait en effet toutes ses chances de se faire élire aux élections de 1952. Il abandonna ses fonctions au sein du MJ-12 qu’il réintégra immédiatement après sa défaite aux élections présidentielles de 1960. Cet échec, fut en grande partie causé par une nouvelle intervention sournoise des aliens.
Visiblement, ce sont les relations conflictuelles qu’ils entretenaient avec Eisenhower qui les poussèrent à changer d’interlocuteur. Dans un premier temps, il leur fallait débloquer la situation vis-à-vis du pouvoir en place afin de relancer au plus vite leur programme de colonisation, lequel visait à « domestiquer » l’espèce humaine. Dès lors, Nixon en fit les frais. Nul doute que le candidat républicain aurait largement remporté les élections de 1960, si elles n’avaient pas été truquées par l’entremise des Petits Gris. Ce veto n’avait pourtant rien de personnel, puisqu’il reprit son poste dans l’organisation, avec l’assentiment des responsables de sa défaite. En dépit de cela, il conserva toute sa vie le ressentiment de cet affront. Un an après l’investiture du président Kennedy, cette rancune tenace le conduisit à changer son attitude envers les envahisseurs.
L’extrême complaisance de Majestic face aux enlèvements extraterrestres en choqua plus d’un. Ces rares initiés encore lucides ne pouvaient supporter plus longtemps les affres de cette situation tragique. Il fallait agir et mettre fin à ces quatorze années d’aveuglement avant qu’il ne soit trop tard. C’est ainsi que naquit le SEPRA, la fameuse « cinquième colonne » formée de résistants pour la plupart issus des rangs du MJ-12. Nixon n’en fut pas l’un des fondateurs mais il s’efforça d’en servir la cause.
De ces années passées au service de l’organisation secrète, véritable État dans l’État, ces francs-tireurs étudièrent à loisir les méthodes expéditives mais non moins efficaces de leur employeur. Tous les moyens leur étaient bons pour reprendre le dessus et bouter l’alien hors des Etats-Unis. Hélas, la première tentative tourna au drame (voir chapitre 4).
On n’entendit plus parler de ce mouvement de résistance jusqu’à l’accession au pouvoir de Richard Nixon. Dans les mois qui suivirent son élection, une rumeur grandissante, propagée dans les milieux concernés, évoquait son implication dans la mort accidentelle de JFK. Du fait du fiasco déshonorant de l’opération mais surtout de cette élection tant attendue, son aversion pour les aliens s’était pourtant atténuée. Rien dans son attitude ne pouvait accréditer ces bruits de couloirs. Cependant, à en croire le vieil adage « qu’il n’y a pas de fumée sans feu », les troglodytes de Groom Dry Lake trouvèrent opportun de mener une enquête discrète.
On reconnut qu’il planait un certain doute sur l’intégrité du personnage durant sa carrière au sein du MJ-12. De plus, son engagement à améliorer les relations entre les deux espèces – c’est à dire à satisfaire aux exigences des visiteurs – n’était pas à la hauteur de leurs espérances.
Par conséquent, un remaniement présidentiel s’imposait à courte échéance. Cela étant, l’élimination physique de Nixon n’était pas envisageable, car elle pouvait compromettre leurs plans de conquête. En 1964, les conclusions de la commission Warren, visant à établir la seule culpabilité de Lee Harvey Oswald, laissèrent l’opinion publique sur sa faim. Pour ne pas abuser de sa crédulité, ce limogeage devrait se produire sans effusion de sang – ce qui n’empêcha pas Oliver Stone de mettre en scène la vie de cet autre président au destin tragique. Mais les aliens ont plus d’un tour dans leur sac.
Au début de l’année 1971, ils avertirent le président que les Démocrates pouvaient être en possession de documents susceptibles de nuire à sa réputation. Ayant la ferme intention de briguer un second mandat, Nixon fit appel au MJ-12 pour éclaircir ce mystère.



« On entendrait péter une mouche ! »

Poussée par les aliens, l’organisation s’exécuta docilement. Elle espionna durant plusieurs mois les personnes incriminées mais ne découvrit aucun stratagème pouvant confirmer le « tuyau » des Petits Gris. Toutefois, leurs opposants n’ayant visiblement pas les moyens de diffamer la Maison-Blanche, les Républicains pouvaient envisager avec sérénité l’issue des élections.
Un soir de juin 1972, la police surprit pourtant cinq individus en flagrant délit de cambriolage dans l’immeuble du Watergate, siège du Parti démocrate à Washington. Suivant la procédure habituelle, ces hommes avaient en fait pour mission de retirer les derniers micros disséminés par Majestic dans les points stratégiques du bâtiment. Tôt ou tard, ces « mouchards » risquaient d’être repérés et la compromission des Républicains serait flagrante. Ce nettoyage nocturne aurait pu passer inaperçu, si un appel « anonyme » n’avait pas dénoncé cette intrusion.
Ce coup de filet fut à la base du déclin de la présidence Nixon. En effet, les soupçons ne tardèrent pas à se porter sur la Maison-Blanche. Réélu de justesse en novembre, le président tenta en vain de se dérober aux diverses enquêtes visant à établir sa responsabilité dans cette triste affaire. Mais il était trop tard. Ayant perdu la confiance de la nation et du Congrès, « Tricky Dick »(2) démissionna en août 1974, pour éviter l’humiliation d’une destitution devenue inéluctable. Ce geste est jusqu’à présent unique dans l’histoire des Etats-Unis.
A nouveau les aliens venaient de faire tomber un président américain sans que ce dernier ne découvre l’origine de ses déboires ; pour preuve, son retour dans l’organisation Majestic lorsque le scandale fut oublié.
Son successeur, le vice-président Gérald Ford, ne prit jamais connaissance du dossier « Roswell » ; Dreamland jugeant qu’il n’avait aucune chance de se voir élire en 1976. Une réalité qui prête à rire, dans la mesure où le député Ford fut membre de la commission Warren et responsable du lancement de la commission Condon !


(1) - L’armée sud-vietnamienne, Army of the Republic of Vietnam.
(2) - Richard le rusé.



CHAPITRE 8

LA DECLASSIFICATION DES DOSSIERS BIDONS
ou
« LA VERITE EST AILLEURS »




« Le mensonge adoucit les mœurs »
G. de PORTO-RICHE




Vers la fin des années 60, des mouvements de protestation virent le jour au sein de la jeune génération issue du baby-boom. Aux Etats-Unis, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se rassemblèrent dans de gigantesques meetings pour revendiquer l’égalité des sexes et s’opposer à la guerre du Viêt-nam. Tous souhaitaient en fait se libérer des chaînes du conformisme.
Au début des années 70, les aliens firent de même. Certes, ils ne manifestèrent pas par légions place du Capitole à Washington ; mais ils contestèrent eux aussi à leur façon l’ordre établi. Outrepassant leurs droits, ils bafouèrent sans préavis les accords passés avec les précédents gouvernements. Créés à l’initiative du président Kennedy et plusieurs fois modifiés à la faveur des événements, ces conventions définissaient pourtant les limites à ne pas franchir dans leurs désirs de faire « évoluer » l’espèce humaine.
C’est ainsi qu’en 1973, le cheptel bovin des Etats-Unis fut la cible d’une série d’attaques pour le moins mystérieuses. Dans tout le pays, de plus en plus d’éleveurs signalèrent aux autorités la perte d’une partie de leurs troupeaux dans des circonstances comparables : les victimes étaient toutes retrouvées atrocement mutilées. Cependant, les lésions tout à fait inhabituelles relevées sur les cadavres ne pouvaient faire référence à des attaques de prédateurs connus (ours, loups, lynx, etc...). En effet, on constata sur le corps des pauvres bêtes, l’ablation méthodique de certains organes tels que le foie, le cerveau, les reins, mais aussi des parties génitales. De même, l’origine humaine de ces prélèvements ne put être évoquée, du fait de leur précision chirurgicale non égalée. Seul un laser permettait de pratiquer des incisions aussi régulières ; mais cette technique utilisée en ophtalmologie n’était pas encore suffisamment fiable.
Les spécialistes qui étudièrent le phénomène ne purent identifier les responsables de ces tueries sans précédent à cette échelle. On établit néanmoins un parallèle avec deux cas similaires de mutilation survenus quelques années auparavant ; mais la police locale avait conclu à l’époque à des pratiques sataniques.
Soupçonnant les aliens d’être mêlés à cette affaire, le MJ-12 fit surveiller par des hélicoptères banalisés, les troupeaux susceptibles de subir de nouvelles razzias. La présence systématique d’OVNI sur les lieux des massacres confirma les suppositions des enquêteurs. Questionnés au sujet de cette troublante coïncidence, les extraterrestres nièrent toute implication dans ces carnages. Nonobstant des présomptions de culpabilité qui planaient sur eux, ils poursuivirent leurs méfaits par vagues successives jusqu’en 1980, date à laquelle les massacres cessèrent inexplicablement.
En 1979, à la demande de l’opinion publique, le FBI (Bureau Fédéral d’Investigation) s’intéressa au phénomène. Au bout d’un an, son rapport trancha en faveur de la prédation animale. Personne ne fut satisfait par ces conclusions ; mais cette instruction bâclée permit d’enterrer l’affaire au moment même où les aliens mirent fin à leurs horribles expérimentations. On ne découvrit jamais le véritable fond de l’histoire, bien qu’au début des années 90, le scandale de la « vache folle » permit aux chercheurs de mettre involontairement le doigt sur un des maillons de cette intrigue. Encore une fois, seuls les initiés firent la corrélation avec les événements de 1973.
A cette époque, il s’agissait pour les aliens d’étudier les effets d’une protéine sur le système nerveux du bovin, très proche de celui de l’être humain. La molécule – connue aujourd’hui sous le nom de prion – était censée contrôler la personnalité du sujet en se fixant sur les neurones responsables de l’agressivité. Si elles avaient abouti, ces recherches auraient permis d’asservir rapidement l’espèce humaine. Heureusement pour nous, les résultats allèrent à l’encontre des effets escomptés, provoquant une destruction irréversible de la masse cérébrale. Le patient devenait un légume ; ce qui n’était évidemment pas le but recherché.
Lorsque les aliens abandonnèrent ce projet, on aurait pu croire que cet épisode ne serait jamais dévoilé. Mais c’était sans tenir compte de la cupidité naturelle de l’Homme. Les éleveurs trouvèrent un moyen simple et efficace de récupérer une partie des pertes financières résultant de ces massacres. Les rescapés de cette expérience scientifique se virent adjoindre à leur nourriture les cadavres réduits en poudre de leurs congénères mutilés. Les pauvres bêtes, saines à l’origine, furent immédiatement contaminées par la protéine qui n’avait rien perdu de sa virulence. Franchissant allègrement la barrière des espèces, elle finit son parcours dans l’organisme des mangeurs de hamburgers. C’est ainsi que naquit la maladie de Creutzfeld-Jacob dont les symptômes n’apparaissent chez l’Homme qu’au bout de cinq à quinze ans.
Je vous ferai grâce de l’origine du SIDA, issu lui aussi des expériences ratées de ces apprentis sorciers et qui nous fut transmis par des pratiques peu orthodoxes…
Quoi qu’il en soit, de nouvelles vagues d’observations d’OVNI, la recrudescence des enlèvements et le mutisme des pouvoirs publics face au mystère des mutilations animales amenèrent de nombreux ufologues à sortir de la torpeur dont il semblaient s’être accoutumés. De plus en plus de chercheurs indépendants se penchèrent sur ces affaires avec la certitude que le gouvernement en savait davantage qu’il ne le prétendait. Grâce au scandale du Watergate, ils profitèrent d’un renforcement de la loi sur la liberté d’information (la FOIPA – Freedom of Information and Privacy Act – de 1974) pour exiger des institutions (CIA, FBI, US Air Force…) qu’elles rendent publics tout rapport se référant au phénomène OVNI.
On se doutait qu’en dépit de sa volonté d’enterrer le dossier à l’arrêt définitif du projet Blue Book (fin 1969), l’US Air Force continuait à enquêter minutieusement sur les affaires les plus sérieuses et par conséquent les plus intéressantes pour les ufologues. De ce fait, à l’approche des élections présidentielles de 1976, quelques politiciens bien intentionnés inclurent dans leur programme la nécessité de déclassifier les dossiers Top Secrets susceptibles de faire la lumière sur les soucoupes volantes.
James Earl Carter, dit Jimmy, ne manqua pas de tenir cette promesse. Les intentions de cet ancien gouverneur de la Georgie ne pouvaient être que sincères, dans la mesure où il fit lui-même l’expérience d’une observation céleste inexpliquée. En 1969, au cours d’un meeting comptant pour les sénatoriales, il aperçut au firmament une boule lumineuse qu’il qualifia d’OVNI.
Connaissant le contenu de ces rapports puisqu’en étant responsables, les aliens ne virent pas d’objection à sa candidature.
En dépit de l’inconsistance de son projet politique, Jimmy Carter remplaça Gérald Ford à la tête du pays. Il se conforma au libéralisme légendaire des Démocrates en autorisant comme promis le libre accès à la documentation tant convoitée.
Hélas, après l’examen de centaines de rapports d’activité de la CIA, du FBI et même de la très secrète NSA, les trouvailles des ufologues furent des plus décevantes. Rien ne permit d’affirmer que l’Armée détenait la preuve de l’existence d’une vie extraterrestre. Et pour cause, aucun de ces documents ne faisait référence aux arcanes du MJ-12. Pourtant, bon nombre d’Américains se contentèrent de cette maigre récolte.




« Là !… Un OVNI !!! »

Pour ces millions de gens, il leur importait peu de savoir si on avait rendu publics les documents les plus confondants. Ils étaient surtout rassurés de constater que leur président avait tenu parole ; une disposition qui fit souvent défaut à ses prédécesseurs. Quant aux quelques passionnés encore sceptiques, on les considéra bientôt comme faisant preuve d’une paranoïa excessive.

Au cours de la présidence Carter, l’industrie cinématographique fut elle aussi emportée par la passion des soucoupes volantes. Car l’inconvénient de perpétrer des enlèvements à une échelle industrielle, tient de la difficulté à choisir les meilleurs spécimens, à savoir les plus insignifiants.
Issus des rangs de ces millions d’abductés, de jeunes réalisateurs furent à l’avant-garde d’un nouveau genre de film à effets spéciaux. « Rencontres du troisième type » de Steven Spielberg et « La Guerre des étoiles » de George Lucas sont le fruit de rêves post-traumatiques consécutifs à leur ravissement ; ceux-là mêmes qui poussèrent les époux Hill à consulter un psychiatre. Sans l’intervention involontaire des aliens, on en serait encore à visionner les lamentables séries B des années 50.
Aujourd’hui encore, les victimes de ces rapts sont à l’origine de chefs-d’œuvre de la science fiction. Mais à la différence de leurs prédécesseurs, elles soulèvent dans ces nouvelles superproductions la véritable nature des Petits Gris, créatures sournoises et malfaisantes.

Vers la fin de son mandat, Jimmy Carter perdit la confiance de ses électeurs. Incapable de faire face à la flambée des crises internationales, confronté à la croissance du chômage et à l’opposition systématique du Congrès, – malgré la majorité dont y disposaient les Démocrates – on ne lui donnait que peu de chances d’être réélu en 1980. Mais c’est l’affaire de la prise d’otages des diplomates américains en poste à Téhéran qui précipita sa chute politique.
A l’automne 1979, un groupe d’étudiants islamistes investit par la force l’ambassade des Etats-Unis en Iran, retenant pendant plus d’un an la cinquantaine de fonctionnaires attachés à sa mission. Le régime intégriste de l’ayatollah Khomeiny se servit de cet incident – dont il fut certainement à l’origine – pour faire pression sur les Etats-Unis (« le grand Satan »), hostiles à la république islamique nouvellement instaurée.
Au printemps 1980, une intervention musclée des SEAL(1) visant à libérer les otages échoua lamentablement. Là encore, un appel « anonyme » fut à l’origine de cette cuisante déconfiture. Elle gratifia le président d’une dégringolade vertigineuse dans les sondages à quelques semaines des élections ; ce qui n’augurait rien de bon quant à l’issue du scrutin.
Il faut croire que les extraterrestres ont le téléphone facile lorsque leurs intérêts sont menacés. Peu avant que l’on envisage l’assaut de l’ambassade, ils avaient en effet durci leurs positions concernant la déclassification des dossiers Top Secrets. Mais pour expliquer ce revirement si soudain, il faut se pencher sur la littérature ufologique sortie cette année-là. A la suite de fuites émanant du MJ-12, l’affaire Roswell resurgit dans les « chaumières » à travers un livre co-écrit par deux ufologues américains : « Le Mystère de Roswell » de Charles Berlitz et William L. Moore.
De nouveaux éléments vinrent étayer l’hypothèse de la récupération d’une soucoupe volante dans le désert du Nouveau-Mexique en 1947.
Certes, aucun engin extraterrestre ne s’était réellement écrasé au nord-ouest de Roswell, mais la réouverture de ce dossier sensible aurait pu conduire les ufologues vers le site principal de l’accident, à savoir du côté de Socorro. Or, cette ville avait déjà fait parler d’elle dans les années 60 à travers l’incroyable aventure d’un modeste policier.
Le 24 avril 1964, Lonnie Zamora y fit une rencontre rapprochée du troisième type (ou RR3) alors qu’il poursuivait un automobiliste pour excès de vitesse. Zamora en fut si troublé que le MJ-12 décida d’enquêter sur cette affaire. On interrogea les aliens qui confirmèrent s’être rendus dans les plaines de San Agustin pour rendre hommage aux deux infortunées victimes du fameux crash. La date de ce « pèlerinage » ne tombait évidemment pas par hasard, puisqu’elle correspondait au dixième anniversaire de cette mésaventure – vue de la planète natale des Gris dont la période de révolution sidérale est de 614 jours.
L’ouvrage incriminé ne laissa pas le public indifférent. De peur qu’il ne découvre prématurément le pot aux roses, les aliens mirent définitivement fin à la politique libérale du président Carter en matière de documentation historique. De ce fait, la victoire aux prochaines élections lui était évidemment exclue ; les Gris souhaitant le retour des Républicains, traditionnellement réticents à divulguer des secrets d’État.
En 1981, il quitta néanmoins la Maison-Blanche avec la certitude d’avoir fait la lumière sur le mystère des soucoupes volantes. A l’instar de son prédécesseur, il ne fut pourtant jamais informé de l’existence du MJ-12 et de ses activités scélérates. Au grand dam des quelques initiés luttant pour qu’éclate au grand jour la vérité, il n’eut pas l’occasion d’ouvrir la boite de Pandore…
Pour le remplacer, les aliens choisirent un dénommé Ronald Wilson Reagan, un ancien acteur de cinéma sur le retour, reconverti sur le tard à la politique. Pour permettre à nos futurs maîtres de faire passer leur plan de conquête à la vitesse supérieure, il fut chargé de nous préparer à un changement prochain en s’attaquant aux sacro-saints fondements de notre société.
Ce fut le rôle de sa vie !


(1) - Commandos d’élite de l’Armée ; de Sea (mer), Air & Land (terre), se traduit par « phoque » .



CHAPITRE 9

L’OSCAR DU MEILLEUR ACTEUR
ou
L’AVILISSEMENT DE L’ESPECE HUMAINE




« Sortant de certaines bouches, la vérité elle-même à mauvaise odeur. »
J. ROSTAND

« Pour enchaîner les peuples, on commence par les endormir. »
J.P. MARAT
 

 

Dès leur arrivée sur Terre, les aliens œuvrèrent à manipuler le subconscient du genre humain. Loin dans leurs desseins l’idée de nous réduire en esclavage, il s’agissait surtout de nous rendre de plus en plus dépendants vis-à-vis d’eux. S’emparer du pouvoir par la force n’était pas une solution durable ; l’histoire de l’humanité pouvait en témoigner. Certes, ils souhaitaient faire de nous des êtres taillables et corvéables à merci, mais non sans nous octroyer quelques libertés, juste assez pour ne pas réveiller notre instinct de révolte.
En fait, depuis plusieurs années, ils s’étaient attelés à un projet ambitieux visant à renforcer leur domination déjà considérable. De leur séjour sur la planète bleue, ils en tirèrent bon nombre d’enseignements susceptibles de précipiter les événements en leur faveur. Par exemple, pour soumettre une nation sans effusion de sang, ils constatèrent qu’il suffisait d’infiltrer ses institutions, voire de s’immiscer dans l’ombre de ses dirigeants démocratiquement élus. Hélas, comme nous l’avons vu antérieurement, l’intimidation est un moyen peu productif d’obtenir ce que l’on désire. Au mieux, le sujet doit agir de sa propre initiative ou obéir aveuglément aux directives qui lui sont imposées. Si le premier cas nécessite de tomber impérativement sur un parfait imbécile, le second fait plutôt appel aux talents d’acteur d’un individu sans scrupule.
Ce fut l’apanage du gouverneur conservateur de la Californie. Remarqué pour son parcours inhabituel, les aliens jugèrent bon de nouer un contact avec ce personnage, promis à un brillant avenir. Enlevé dans son lit par une nuit de septembre 1971, ses ravisseurs décidèrent de jouer avec lui cartes sur table. En échange de sa collaboration, il se verrait offrir la Maison-Blanche et de multiples avantages en nature. Ni une ni deux, l’affaire était conclue, bien avant la défaite programmée de Gérald Ford.
Dès son investiture, il appliqua à la lettre les instructions dispensées par Dreamland, tant sur le plan intérieur que sur la politique à tenir vis-à-vis de l’étranger. Loin d’être une marionnette, il entreprit de répondre aux attentes de ses maîtres à penser. De fait, pour renforcer les crédits alloués à l’organisation Majestic, c’est de sa propre initiative qu’il réduisit les dépenses de l’État au détriment des réformes sociales. Par ailleurs, pour faciliter l’expansionnisme des Petits Gris, il échafauda une habile stratégie en deux phases.
Dans un premier temps, il s’efforça de calmer les esprits à l’égard de la rumeur extraterrestre. Sous son impulsion, Majestic manœuvra savamment pour discréditer le milieu ufologique et faire passer ses lecteurs pour de doux rêveurs à l’égard de la société.
Des adeptes de la thèse conspirationniste, choisis avec discernement parmi les plus jobards, se virent adresser des copies de mémorandums révélant l’existence de l’organisation secrète MJ-12. Convaincus d’avoir mis la main sur le Saint des Saints, ces balbuzards du phénomène OVNI contactèrent la presse pour qu’éclate au grand jour l’accablante vérité. Bien que parfaitement authentiques, ces documents provoquèrent l’hilarité générale. En majorité, l’opinion publique refusa de croire aux allégations de ces ufologues, connus comme le loup blanc pour leur manque de probité intellectuelle. Comme le disait Goebbels : « Plus le mensonge est gros, plus il a de chances d’être cru ! ». Pour la vérité, cela doit être l’inverse...
Pour brouiller un peu plus les pistes, le MJ-12 recruta sur son site de Groom Dry Lake des individus au passé douteux mais néanmoins compétents. Ils eurent très vite l’opportunité de travailler sur des projets ahurissants, voire même de côtoyer quelques aliens. A l’expiration de leur contrat, ils s’empressèrent de briser la loi du silence imposée par leur employeur. Hélas, leurs témoignages, pourtant véridiques, n’avaient aucune chance d’être pris au sérieux, au regard de leur casier judiciaire extrêmement chargé. Après ce coup de poker de Majestic, le public dénigra définitivement l’hypothèse extraterrestre. Hypothèse apparemment soutenue par un milieu peu fréquentable. Et pour enfoncer le clou, la Maison-Blanche mit fin, comme prévu, à la politique de déclassification des documents ufologiques.
La seconde étape de la politique collaborationniste du président Reagan était plus ambitieuse : elle visait à avilir l’ensemble de la population américaine. Ce projet pour le moins radical s’inscrivait évidemment dans les plans de conquête des extraterrestres.
Depuis le début de ce siècle, l’Homme s’était mis à douter, remettant en cause les fondements mêmes de la société. De moins en moins enclin à la recherche du spirituel, le capitalisme sauvage lui avait fait miroiter des valeurs plus terre à terre. Pour les aliens, il fallait exploiter cette faille. Dès lors, le conservatisme reaganien, que l’on pourrait qualifier de pantouflard, encouragea un retour excessif au matérialisme futile.
Afin d’affirmer leur domination, nos futurs maîtres souhaitaient nous conduire vers une vie plus insipide, nous rendre indifférents aux problèmes du monde, presque apathiques. Tous les moyens leur étaient bons pour émousser la vivacité de notre esprit et de ce fait, étendre leur influence sur notre personne.
Ils contrôlèrent la télévision en l’inondant de programmes aussi vulgaires que stupides ; ils modifièrent nos habitudes alimentaires en nous proposant une nourriture de plus en plus abondante aux dépens de sa qualité ; ou encore, ils nous imposèrent des loisirs vides de sens, car pour la plupart fort peu éducatifs.
Leur but : nous rendre dépendants d’une culture médiocre où le merchandising tiendrait une place prépondérante. Cette atteinte à nos idéaux risque à court terme de faire de nous de vrais moutons ; animaux bêtes et dociles que l’on peut tondre à volonté. Tout n’est pourtant pas perdu, mais qui s’en soucie encore ?…
Pourtant, dès son investiture, la « cinquième colonne » du MJ-12 – décapitée peu après l’affaire du Watergate – essaya de nouveau de réprimer les projets sordides des aliens. Cette tentative, comparable au réflexe convulsif d’un cadavre encore chaud, échoua lamentablement. L’attentat foireux perpétré le 31 mars 1981 contre Ronald Reagan, n’eut pour conséquence que d’accroître sa popularité vis-à-vis de l’opinion publique. Et quand bien même il aurait réussi, un autre opportuniste avide de pouvoir l’aurait remplacé à la tête du pays.

En 1983, le président Reagan proposa la mise en œuvre du programme de défense spatiale S.D.I . (Initiative de Défense Stratégique) que l’on baptisa plus tard « Guerre des étoiles » – un clin d’œil au film de George Lucas. Il visait à lancer une nouvelle génération de satellites militaires, capables de former un véritable bouclier stellaire contre les missiles intercontinentaux soviétiques (dixit le président). Ces satellites embarquèrent à leur bord des canons à « plasma » pouvant tirer des projectiles, les Brilliants Pebbles(1), à la vitesse de la lumière. Issue de la recherche aérospatiale ultrasecrète, cette technologie exploitait le pouvoir destructeur des forces électromagnétiques, les mêmes qui permettent aux soucoupes extraterrestres de se mouvoir. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant, puisque les deux ont une origine commune : la technologie Stealth.
Les aliens furent naturellement à l’origine de ce système d’armes à grande énergie cinétique, car il faisait appel à des compétences que l’Homme n’avait pas encore acquises. Par ailleurs, selon les informations qui réussirent à filtrer, les cibles potentielles étaient autres que communistes.
Officiellement, ce système d’arme servait à dévier les astéroïdes susceptibles de rentrer en collision avec la Terre. Il trouvait aussi son utilité dans la chasse aux satellites espions. Certains chercheurs trouvèrent néanmoins dans ce programme militaire la preuve de la réalité du péril extraterrestre. Selon eux, Reagan imagina le projet « Guerre des étoiles » au moment où les Gris dépassèrent, pour la énième fois, leurs quotas d’enlèvements ; c’était une façon comme une autre de manifester sa désapprobation.
En 1985, au cours d’une rencontre entre les deux chefs d’État des deux grandes puissances, USA et URSS, les propos du président Reagan confortèrent les ufologues dans leurs opinions. En s’adressant à Gorbatchev, il affirma que « leurs tâches respectives seraient facilitées si le monde était soudain menacé par quelques espèces venues d’une autre planète de cet univers ». La vérité est pourtant toute autre.
Pour expliquer ces agissements étranges, il faut revenir cinq années en arrière. En 1980, de mystérieuses figures géométriques apparurent dans les champs de blé de Grande Bretagne. Très vite, ces Crop-circles ou cercles de culture, se multiplièrent de par le monde. Décrits au départ comme d’immenses cercles concentriques, ces dessins se compliquèrent par la suite, prenant des formes aussi diverses que variées, mais toujours empreintes d’un rare esthétisme.
Les spécialistes affirmèrent que ces motifs ne pouvaient être reproduits par l’Homme tant ils étaient emberlificotés. En étudiant l’évolution de ce courant pictural, d’aucuns, dont les plus rétrogrades, envisagèrent sérieusement qu’il pouvait s’agir de l’écriture d’une forme de vie extraterrestre. Cette hypothèse trouva d’ailleurs un certain fondement puisqu’on constata la présence régulière d’OVNI à la verticale des champs de céréales incriminés. Certains témoins évoquèrent même l’observation de faisceaux lumineux décochés vers le sol depuis ces mystérieux appareils.
Si ces « messages » ne furent jamais décryptés par l’être humain, les Petits Gris en comprirent immédiatement la signification. Et pour cause, ils leur étaient adressés. Les Grands Blonds, des êtres humanoïdes originaires de la constellation d’Orion, leur intimaient l’ordre de mettre un terme à leur parasitisme terrestre. Foncièrement pacifiques, les malversations perpétrées par les Gris sur notre espèce les révulsaient.
En tant que mammifère bipède doué d’un langage extrêmement primitif, nous étions classés comme race inférieure organisée. A ce titre, nous bénéficiions pourtant d’une protection spécifique accordée aux espèces de l’univers en voie d’extinction ; mais leur devoir de réserve interdisait aux Grands Blonds d’intervenir directement.
En 1952, profitant de l’arrivée massive des aliens sur notre planète, ils contactèrent certains de nos semblables pour leur faire part de la terrible menace qui planait au-dessus de nos têtes. Le dénommé George Adamski fut l’un de ces « contactés » chargé de répandre le message alarmiste de ces nouveaux missionnaires. Hélas, ses allégations ne rencontrant pas les succès escomptés, le vertueux prêcheur retourna rapidement dans l’anonymat.
Devant l’indifférence du genre humain, les Grands Blonds mirent fin à ces contacts pour s’adresser directement aux responsables de nos malheurs. En substance, on pouvait traduire les Crop-circles par des injonctions du type :
« Pour l’amour du ciel, nous vous supplions instamment de stopper vos exactions, ou sinon… ça va chier !!! »
Dans un premier lieu, « nos » aliens firent la sourde oreille. Puis, pour gagner du temps, ils répondirent par l'affirmative en utilisant les mêmes moyens de communication. C’est à partir de ce moment-là que la fréquence d’apparition des Crop-circles s’intensifia. Ces tergiversations leur permirent cependant de lancer en toute impunité le programme « Guerre des étoiles », capable de repousser une éventuelle invasion en provenance d’Orion.
Vers la fin des années 80, les Gris notifièrent ouvertement aux Grands Blonds qu’ils n’étaient plus les bienvenus dans ce système solaire et leur conseillèrent de s’occuper de leurs affaires. Ces derniers tentèrent de ramener à la raison ces faux jetons sans scrupule, mais en vain. Le bouclier stellaire était opérationnel et redoutablement efficace. Ils en firent la douloureuse expérience.
Néanmoins, ils poursuivirent avec acharnement leur apostolat, en privilégiant toujours la voie diplomatique, nonobstant des agressions commises à leur encontre. Obstinés et magnanimes, ils ne voulurent jamais recourir à la violence.
Aujourd’hui encore, il est toujours possible d’observer au télescope ces tirs de barrages dirigés contre leurs délégations diplomatiques. Visibles sous la forme de flashs avec sillages lumineux, nombre d’astronomes amateurs les prennent pour des étoiles filantes.
Hélas, les Grands Blonds ne sont pas prêts à nous libérer du joug de l’oppresseur. La situation est d’autant plus affligeante que les satellites ont été construits aux frais du contribuable américain. La poule aux œufs d’or se fait plumer jusqu’au croupion !

En dépit d’une politique économique aventureuse qui creusa un peu plus les écarts entre les classes sociales, Ronald Reagan fut réélu en 1984. Son aura naturelle et ce formidable sens des relations publiques que lui conféra son passé d’acteur, firent de lui le président le plus populaire dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. Il n’en fut pas moins le plus coopératif à l’égard de la fange extraterrestre. Parfaitement rodés aux méandres du pouvoir, les locataires du sous-sol de Groom Dry Lake réussirent à manipuler l’opinion publique à travers cet individu aimé de tous. Beaucoup d’Américains voyaient en lui le symbole du patriarche, le vénérable fondateur d’une famille prospère. Or, les enfants suivant d’ordinaire les conseils de leur père, à la fin de son second mandat, nous étions quasiment mûrs pour leur abandonner aveuglément les rênes du pouvoir.
Un tel oiseau rare, il n’en surgit qu’un par siècle. Mais au grand désespoir de nos futurs maîtres, la Constitution lui interdisait de se représenter une troisième fois. La malchance voulut que les aliens aient plus d’un tour dans leur sac. Résolus d’en finir avec notre société moribonde avant la fin de ce siècle, ils échafaudaient un coup fumant pour les élections présidentielles de 1992. Ce projet, d’une extrême audace, couronnerait leurs efforts et leur permettrait d’installer définitivement leur domination sur l’espèce humaine.
Mais en attendant ce jour de gloire, il leur fallait un homme de confiance à la tête du pays. Ils le trouvèrent en la personne du vice-président George Bush. Ancien directeur de la CIA entre 1976 et 1977, membre du MJ-12 de 1978 à 1981, on ne pouvait trouver meilleur candidat pour assurer cette période de transition. Le nouveau président avait toutes les aptitudes pour perpétuer la politique collaborationniste de son prédécesseur ; mais « l’homme dont les pas ne laissaient pas d’empreinte dans la neige » n’était pas assez charismatique pour perdurer.
Durant ces quatre années, les aliens ne s’immiscèrent pas dans les affaires de l’État. Il laissèrent George Bush gouverner comme bon lui semblait. D’ailleurs, si tel n’avait pas été le cas, la Guerre du Golfe n’aurait jamais eu lieu. Ce désintéressement provisoire laissa aux Gris l’opportunité de peaufiner les derniers détails de leur ultime plan de conquête.

Le phénomène OVNI ne se fit pas oublier pour autant. Le 29 novembre 1989, l’observation d’un objet mystérieux dans le ciel de Belgique allait être à l’origine d’un nouveau regain d’intérêt pour l’ufologie, hélas, de courte durée. Jusqu’à la fin de l’année 1993, des milliers de témoins décrivirent les évolutions nocturnes d’un engin triangulaire pourvu de quatre feux de position éblouissants, dont un central. L’insolente facilité dont il faisait preuve pour échapper aux intercepteurs F-16 de l’armée belge ne laissait planer aucun doute quant à son origine. La technologie aéronautique moderne ne permettant pas officiellement de produire un engin d’une si grande maniabilité, les enquêteurs évoquèrent sérieusement l’hypothèse extraterrestre. Pourtant, le public fut peu réceptif à ces conclusions, probablement trop démodées à son goût.



« Le prix est décerné à… Ronald Reagan, pour l’ensemble de sa carrière »

En fait, si l’appareil avait bien été conçu dans un autre système solaire, l’US Air Force pouvait s’enorgueillir d’en être l’heureuse propriétaire. C’est en remerciement des bons et loyaux services du président Reagan, que les Américains se virent confier la production sous licence extraterrestre du LoFlyte « Waverider », le fameux bombardier hypersonique(2) non furtif. L’un d’eux fut envoyé en Europe vers la fin des années 80 pour tester la défense aérienne de l’OTAN et confirmer les possibilités hors du commun de cette nouvelle génération d’aéronefs.
Mais quelles faibles compensations au regard des concessions faites sur le dos du genre humain ! Imaginez que nous proposions à des chimpanzés les droits d’exploitation du biplan des frères Wright. Cette comparaison vous semble exagérée ? Et pourtant, saviez vous que c’est avec ce même LoFlyte si révolutionnaire que les aliens ont conquis le ciel, il y a de cela plus de 10.000 ans !?
« L’enseignement de l’araignée n’est [décidément] pas pour la mouche », écrivait Henri Michaux. Il avait bougrement raison !


(1) - Les galets luminescents.
(2) - Hypersonique : se dit des vitesses supérieures à Mach 5.



CHAPITRE 10

UN SEXE AVEC UN HOMME AUTOUR
ou
LA FIN DES DERNIERS ESPOIRS




« Le bel avantage d’être miel pour être dévoré par un ours. »
A. SALACROU




En novembre 1992, William Jefferson Clinton dit Bill, le gouverneur du petit État de l’Arkansas, accédait à la plus haute fonction que puisse atteindre un homme politique aux Etats-Unis. Aimable et propre sur lui, le nouveau président avait tout pour plaire. En raison de ses origines modestes – il fut garçon de ferme dans sa jeunesse – il était l’incarnation même du rêve américain.
Cette vie idyllique empreinte d’une réussite exemplaire n’a pourtant d’authentique que ses trente trois premières années ! A partir de 1979, tout a été imaginé jusqu’au moindre détail par les aliens dans le cadre d’un plan machiavélique visant à un contrôle total de la Maison-Blanche.
Ce qui va suivre va vous paraître invraisemblable. Certains en viendront même à récuser les précédentes révélations. Malgré tout, je vous certifie que mes déclarations sont hélas véridiques. S’il est encore temps de refermer ce livre pour retourner vers cette ignorance qui nous rassure, vous pouvez d’ores et déjà supprimer le mot liberté de votre vocabulaire… Sachez pourtant que je risque ma peau en essayant de vous ouvrir les yeux. Voilà des années que je vis dans la clandestinité par crainte de représailles. Alors pour l’amour du ciel, faites que mon sacrifice ne soit pas vain.
Bill Clinton n’est plus celui que vous croyez ! Si son enveloppe corporelle est bien constituée de chair et de sang, il est pourvu d’un endosquelette de carbone mû par un système complexe de vérins hydrauliques couplés à des servomoteurs. L’ensemble est piloté par un puissant processeur incorporé dans son thorax. Cet androïde, créé de toutes pièces par les aliens, donne le change à la perfection tant il paraît humain au sens péjoratif du terme.
Certes, la pilule est dure à avaler, mais ce « Terminator » est bien l’aboutissement de plus de cinquante années de recherche en bio-cibernétique.
Le vrai Clinton fut abducté par une nuit de novembre 1979, au nez et à la barbe de sa famille. Il céda sa place à la fameuse doublure, laquelle fait toujours illusion. Même Hillary, la first lady, n’y vit que du feu. Il faut dire que sa dernière relation sexuelle avec son époux légitime remontait à la procréation de leur fille, Chelsea.
A nouveau, nos maîtres ne faillirent pas à leur réputation. Sorti des tréfonds de leur imagination débridée, ce nouveau président docile et privé d’état d’âme allait leur permettre de conforter leur domination sur la population américaine. Le résultat fut à la hauteur de leurs espérances.
En 1996, le prétendu Bill Clinton se représenta aux élections présidentielles qu’il remporta haut la main. La raison de ce succès tient à la personnalité que les aliens lui insufflèrent.
Comme ils le souhaitaient jeune et bien portant, ils en firent un Démocrate. Pour qu’il soit populaire, ils lui donnèrent la bonhomie de JFK et le sens des relations publiques de Ronald Reagan. Mais il leur fallait un homme à poigne, capable d’imposer l’inacceptable à ses administrés, un fin stratège pouvant faire face aux attaques des journalistes les plus suspicieux. C’est ainsi qu’il hérita du tempérament autoritaire d’Eisenhower, de la méfiance maladive de Lyndon Johnson ou encore, de l’ambition démesurée de Richard Nixon. Ce concentré d’homme d’État faisait appel aux principales qualités de ses prédécesseurs mélangées à la sauce extraterrestre. Cependant, un grain de sable se glissa inopinément dans les rouages de cette remarquable réalisation.
Les Gris n’étant pas au fait des us et coutumes de l’être humain, ils surestimèrent la fréquence de ses rapports sexuels. Rappelons qu’étant eux-mêmes dépourvus de sexe, la fonction de cet organe leur resta longtemps méconnue.
Dès sa mise en service, le premier modèle Clinton (il y en eut deux, soit un par mandat) s’adonna avec entrain à la luxure. Dans un autre pays, cette preuve de virilité serait passée inaperçue ; mais aux Etats-Unis, c’est à peine si les gynécologues consultent les yeux bandés ! Dès lors, des accusations de harcèlement sexuel entachèrent très tôt la réputation du président. Une demi-douzaine de nymphomanes, à l’origine du scandale, affirma que cette atteinte aux bonnes mœurs méritait une destitution pure et simple.
L’affaire allait-elle tourner vers un nouveau Watergate : le Waterbraguette ? Malheureusement pas, puisque le tribunal en charge du dossier refusa d’inculper le personnage le plus influent de la planète. Dans le souci de calmer les esprits, le Congrès entérina ce jugement quelques mois plus tard. Mettant définitivement fin à la polémique, il se prononça à une large majorité pour le maintien de Clinton II (prononcer Clinton Two) à son poste de président.



« Cette pièce longue et mobile est encore usée !… Il faut la changer ! »

Au grand soulagement des aliens, leur créature terminera son mandat en toute quiétude, bien que le modèle Al Gore X-001 (actuellement vice-président) aurait assuré la relève dans le cas contraire.
Quoi qu’il en soit, cette mésaventure tragi-comique leur servit de leçon. Dès les premières plaintes, les Gris se penchèrent sérieusement sur ce sujet fort complexe. A la lecture des ouvrages du docteur Ruth, ils découvrirent avec embarras l’origine de leurs désagréments. En 1996, ils réduisirent à des dimensions raisonnables la libido de leur poulain (de leur étalon pour certaines !) en reprogrammant sa personnalité.

A la suite de cette affaire, les aliens se passionnèrent pour notre mode de reproduction, unique en son genre dans l’univers. Ce processus, par lequel l’être humain et le monde animal assuraient leur descendance, leur donna des idées singulièrement aberrantes. Poussés par leur curiosité malsaine, ils prélevèrent semence et ovules des nouveaux abductés. Dès lors, le franchissement de la barrière des espèces ne fut qu’une simple formalité pour ces esprits détraqués. Bien que dénuées d’intérêt scientifique, ces expériences furent surtout pour nos maîtres l’occasion d’assouvir leurs fantasmes. Une succession de croisements insensés donnèrent le jour à des êtres chimériques aussi laids que belliqueux. Si la plupart n’étaient pas viables, quelques uns de ces monstres survécurent dont le fameux « Chupacabras ».
Depuis 1995, cette créature hybride terrorise la population de l’île de Porto Rico, dans les Caraïbes. La nuit, elle s’attaque aux troupeaux isolés et se délecte, tel un vampire, du sang de ses victimes. Ce sont ces pratiques d’une atrocité peu commune qui lui valurent de porter le surnom de « Chupacabras », le suceur de chèvres en espagnol. Si les témoignages se comptent par centaines, la bête n'a toujours pas été photographiée. Nul ne sait de quel animal provient la moitié de son patrimoine génétique ; mais d’après sa physionomie, il semblerait que l’un des donneurs soit un célèbre chanteur afro-américain. Une chose est sûre : « he’s bad !… »
Les aliens se débarrassèrent de cette hideuse créature car elle devint en grandissant passablement incontrôlable. Ce comportement irascible se retrouve fréquemment chez ces êtres contre nature. Mais combien d’entre eux furent abandonnés dans les forêts vierges ou les déserts brûlants de notre planète ? Nul ne le sait. Dans les années qui viennent, il n’est pas exclu que l’on entende encore parler de ces nouveaux prédateurs. Hélas, leurs forfaits, perpétrés dans des régions sous-peuplées du Tiers Monde, laisseront indifférentes les populations des grandes puissances de l’hémisphère nord. Populations qui mésestiment depuis des siècles ses voisins du Sud.
Il y a pourtant un petit détail qui risque de vous faire réfléchir. Si vous avez eu la malchance de vous faire enlever par les Gris durant ces cinq dernières années, peut-être aurons-nous affaire à l’un de vos bâtards ! Pensez-y avant de vous gausser de ces pauvres fermiers dont on vient d’égorger l’unique source de revenus. Sans doute sont-ce vos gênes dégénérés, et non ceux de l’animal, qui ont poussé cette créature hybride à se comporter de la sorte ?!…

Concernant la désinformation ufologique, la cuvée 1995 fut exceptionnelle. Cette année-là, le producteur anglais Ray Santilli proposa, moyennant finances, un film en noir et blanc des plus troublant. Datant, d’après ses sources, de 1947, ce court métrage dévoilait l’autopsie d’un soi-disant extraterrestre. C’est en négociant les droits d’exploitation de l’une des toutes premières apparitions publiques du King, qu’il eut l’occasion d’acquérir cette bobine exceptionnelle. L’auteur, Jack Barnett, un ancien cameraman de l’US Air Force, avait eu la chance de côtoyer ces deux phénomènes de foire.
Cette affaire insolite aurait pu confondre Majestic et dénoncer la conspiration ourdie par nos futurs maîtres, les Petits Gris. Hélas, il n’en fut rien. La raison de cet insuccès ne tient pourtant qu’à peu de choses.
Souvenons nous qu’au cours du déménagement des archives de Majestic, on découvrit la disparition d’une bobine contenant l’autopsie de l’un des deux aliens décédés lors du crash de Roswell. Certaines personnes bien informées eurent vent de cette histoire et décidèrent de recréer ce document jusqu’alors introuvable. Mais une grossière erreur s’immisça dans cette reconstitution, malgré tout d’une indéniable qualité.
Il n’y a nul besoin de jouer au jeu des six erreurs pour démasquer la supercherie. Il suffit de se pencher avec attention sur le « cadavre », pour relever une aberration dans son anatomie : six doigts à chaque main, idem pour les pieds, c’est un peu trop pour un alien qui s’en contente de quatre dans la réalité. Au sein du MJ-12, on en pleure encore de rire !…
De plus, le film se heurta de nouveau à l’incrédulité coutumière de l’opinion publique. Les journalistes chargés d’enquêter sur l’affaire bénéficiaient d’une si mauvaise réputation, qu’il ne pouvait s’agir que d’une aimable plaisanterie. Cette habile mise en scène asséna un sacré coup au moral des ufologues. Ces derniers ne voyaient plus comment on pourrait un jour convaincre la population de la réalité du péril extraterrestre. La vérité s’était depuis longtemps dissimulée sous le rideau du mensonge et de l’indifférence.
Si le MJ-12 ne fut pas l’instigateur de ce chef d’œuvre de la désinformation, on aurait pu rêver mieux pour discréditer définitivement le phénomène OVNI. C’est en fait Hollywood qui créa ce film pour promouvoir la troisième saison d'une célèbre série télévisée portant sur le paranormal. Comme elle commençait à s’essouffler, il fallait trouver le moyen de raviver l’intérêt des téléspectateurs. Triste réalisation que ce produit typiquement marketing censé exploiter le filon conspirationniste. Les meilleures intentions ne sont pas toujours les plus appropriées !
Comble de l’ironie, Majestic profita de cette opportunité pour enterrer une fois pour toutes le dossier Roswell, clé de tous les mystères pour bon nombre de chercheurs.
En 1997, elle proposa, par l’intermédiaire de l’US Air Force, un ultime rapport pour expliquer la rumeur de la découverte de cadavres extraterrestres, cinquante ans plus tôt. Elle serait liée au largage à haute altitude de mannequins anthropomorphes utilisés pour tester un nouveau modèle de parachute. Les témoins qui assistèrent à la récupération de ces polichinelles dans les plaines du Nouveau-Mexique, les auraient alors pris pour de vrais cadavres, voire même pour des extraterrestres. Ces événements, qui ne survinrent qu’en 1953, furent inconsciemment amalgamés à ceux de 1947 dans les souvenirs de certains protagonistes de l’affaire Roswell. Cette « compression temporelle » est évidemment à l’origine du mythe.
[C.Q.F.D. - Affaire classée]

C’est ainsi que s’achève cette rétrospective sur la colonisation extraterrestre de notre planète – ou du moins des Etats-Unis. Vous en savez maintenant plus que le commun des mortels sur cette situation peu réjouissante. Mais ne vous étonnez pas si, dans les jours qui viennent, vous recevez la visite des sbires de la MIB. La vérité est un élixir si précieux que seule une poignée d’initiés a le privilège d’y tremper le bout des lèvres. Ils sauront vous le faire comprendre…
Nul ne sait ce que nous réserve l’avenir, mais il y a fort à parier que les aliens se trahissent et révèlent au grand jour leurs sinistres intentions. Hélas, il sera déjà trop tard. Aveuglés par tant d’années d’insouciance, nous serons trop engourdis pour nous défaire de leur tyrannie. Aujourd’hui l’Amérique est conquise. Demain, le reste du monde devrait suivre sans trop de difficultés. Vous en doutez ? Et pourtant, certains pays sont déjà tombés aux mains des Petits Gris, en grande partie responsables de l’éclatement du bloc soviétique.
Mais n’anticipons pas. Peut-être faut-il minimiser les inconvénients de ce futur peu reluisant. Le destin de l’Homme est-il sans doute de finir sous le joug d’une race supérieure. Lui qui se sentait si parfait, si évolué au point de douter que la vie ait pu apparaître ailleurs dans l’univers.
Seul un miracle pourrait encore nous sortir de ce pétrin. Mais ne rêvons pas et laissons l’araignée tisser consciencieusement sa toile. N’oublions pas que « le monde a commencé sans l’Homme, et il s’achèvera sans lui » (Claude Levi-Strauss).



LEXIQUE


Abducté : Néologisme issu de l’anglais « to abduct » – kidnapper. Désigne toute personne ayant eu le privilège de voyager à bord d’un astronef extraterrestre. En progression depuis ces dix dernières années.

Alien : Synonyme d’extraterrestre belliqueux. Anglicisme signifiant aussi étranger. A ne pas confondre avec les aliens sans papier de l’église Saint Bernard…

Aliénigène : Qui concerne les aliens.

Bible : Best-seller maintes et maintes fois réédité, il s’agit du plus ancien ouvrage évoquant le phénomène OVNI. Auteur inconnu.

Black Program : Programme visant à peindre certains avions en noir pour les rendre invisibles la nuit.

Black Project : Appareil Top Secret de l’US Air Force dont les composants sont issus de la « coopération » américano-extraterrestre.

Commission d’enquête : Groupement de scientifiques émérites chargés de faire la lumière sur le phénomène OVNI. Vaste pantalonnade visant à étouffer les vagues d’observations célestes inexpliquées.

Contacté : Heureux propriétaire d’une RR5 bleu métallisée avec boite automatique en option (voir RR5).

Crash : Hantise des pilotes de soucoupes volantes.

Crop-circles : Espaces moissonnés ou aplanis évoquant des signes kabbalistiques, des attributs celtiques et autres pictogrammes ésotériques. Courant pictural apparu dans les années 80, aussi baptisé Land art. Provoquent plus de ravages que le phylloxéra !

Débriefer : Pratique utilisée couramment par le MJ-12 sur ses agents démissionnaires. Elle vise à faire oublier des informations pour le moins confidentielles en se débarrassant du sujet de manière expéditive. Contraire plutôt caustique du mot « briefer » qui signifie informer, donner des consignes.

Désinformation : Le contenu de ce livre, ou tout au moins une bonne partie. Ou peut-être pas…

Dreamland : Ambassade souterraine extraterrestre installée dans l’État du Nevada aux Etats-Unis ( Nota : pas de visite sans rendez-vous ).

Extraterrestre : Pour les ufologues, il s’agirait d’une créature intelligente animée par des intentions belliqueuses ; quant à la NASA, elle opte pour la bactérie. Coupons la poire en deux : penchons pour le Staphylocoque doré.

F.B.I. : Bureau Fédéral d’Investigation. Dernier rempart face à une invasion extra-terrestre (il suffit de visionner la série télé X-Files pour s’en convaincre).

Grands Blonds : Extraterrestres humanoïdes au faciès typiquement scandinave. Originaires de la constellation d’Orion, à quelque 520 années-lumière de la Terre, ils sont responsables des RR5 (voir RR5). Personnellement, je préfère les Grandes Blondes !

Groom Dry Lake : Vaste étendue désertique abritant l’ambassade extraterrestre, laquelle est surmontée d’une base appartenant à l’US Air Force. Le lac est asséché depuis longtemps, mais il abrite encore de très gros poissons…

MIB : Démarcheurs à domicile tirés à quatre épingles. Mandatés par le MJ-12, ils officient le plus souvent par deux, à l’instar des Mormons et des Témoins de Jéhovah ; mais ils n’ont rien à vendre. Bizarrement, on les appelle aussi les Hommes en noir.

MJ-12, MAJIC ou Majestic : Club privé très sélectif limité à douze membres (fondé en 1947).

Mutilation de bétail : Piercings, scarifications et autres dégradations corporelles sadomasochistes propres au cheptel bovin des Etats-Unis.

OVNI : Abréviation écourtée de la locution : « Objet volant non identifié par les scientifiques car susceptible d’être un vaisseau spatial d’origine extraterrestre ».

Petits Gris : Extraterrestres malfaisants originaires de la constellation Zéta-Réticuli, à quelque 37 années-lumière de la Terre. Ne se mangent pas à la persillade comme certains gastéropodes homonymes.

Rencontre rapprochée du premier type ou RR1 : Observation d’un OVNI dans le ciel. Elle correspond à un taux d’alcoolémie de 0,3 g/litre de sang.

RR2 : RR1 accompagnée d’une panne du véhicule de l’observateur ; les propriétaires de Lada ne sont évidemment pas retenus dans les statistiques !… Si le témoin est à vélo, c’est sa chaîne qui déraille. Taux d’alcoolémie de 0,5 g/l.

RR3 : Observation d’un ou de plusieurs extraterrestres au pied de leur astronef. Certains semblent en vérifier le niveau d’huile ou passent simplement un coup de « Jex vitre » sur le pare-brise du poste de pilotage. Taux d’alcoolémie de 0,8 g/l.

RR4 : Baptême de l’air chez les abductés, suivi d’un examen clinique non remboursé par la Sécurité sociale. Taux d’alcoolémie supérieur à 1 g/l.

RR5 : Conversation hautement spirituelle entre un être humain et un ou plusieurs extraterrestres (voir Contacté). Coma éthylique ou effets hallucinogènes consécutifs à la consommation de produits illicites (exemple : infusion de cannabis).

Roswell : Lieu de pèlerinage américain (État du Nouveau-Mexique). Tous les ufologues se tournent vers Roswell pour prier : « Saint Jean-Claude Bourret, donnez nous notre OVNI quotidien, amen ! » ; Les satanistes invoquent Ray Santilli, le démon.

Soucoupe volante : Phénomène naturel, le plus souvent céleste, lequel est susceptible de faire passer l’être humain pour un imbécile s’il lui prend l’idée saugrenue de témoigner de son expérience. (exemples : Pigeon d’argile, nuage lenticulaire, ballon météo, étoile filante, rentrée atmosphérique de fusée russe, canular, hallucination, affection oculaire, et cætera, et cætera.)

Stealth technology : Technologie extraterrestre qui a parfois des ratés, comme en 1947.

Top-Secret : Qualificatif donné à certaines informations classées sensibles, lesquelles seront tôt ou tard révélées au public par des voies plus que douteuses.

Ufologue : de UFO – traduction américaine d’OVNI. Personne ayant une tendance pathologique à prendre les vessies pour des lanternes. Aucun diplôme ne prépare à ce métier bien qu’ils soient de plus en plus nombreux à l’exercer.

Vague d’observation d’OVNI : Migration des soucoupes volantes.

Zone 51 : Zone érogène qui excite les ufologues.
 



Les illustrations ont été librement inspirées des photographies suivantes :

1 - United Press International

2 - United Press International

3 - Syndication International

4 - « John Fitzgerald Kennedy » by Urs Schwartz ; C.J.Bucher Ltd.

5 - Duane Robinson / Pix. INC. / Camera Press

6 - Life © Time INC.

7 - NASA

8 - Associated Press ( Apollo XV)

9 - Europa-Press, Stockholm : Christopher Brown / Sipa Press


 

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